L’affinité en plus…

Publié le 27 avril 2008 Lecture : 2 minutes.

Dire qu’un Français se sent comme chez lui en Tunisie peut paraître choquant quand on a en tête l’histoire du pays. Et pourtant La proximité géographique, 2 h 30 de vol entre Paris et Tunis, n’y est pas pour rien. En débarquant dans l’ancienne Ifriqiya, beaucoup retrouvent d’ailleurs une atmosphère méditerranéenne qui leur est familière. Mais, surtout, soixante-quinze ans d’occupation, du traité de protectorat signé au Bardo le 12 mai 1881 à l’indépendance du 20 mars 1956, ont forcément imprimé une certaine marque. Celle-ci se lit d’emblée dans le centre de nombreuses villes, de Bizerte à Gafsa en passant par Tunis et Sfax, où une part du patrimoine immobilier porte encore la griffe de l’ancien colonisateur.
On n’ira pas jusqu’à dire que ce dernier n’a laissé que de bons souvenirs. Les plus âgés se souviennent d’une société à deux vitesses où les uns étaient plus égaux que les autres. Si la marche vers l’indépendance a été moins dramatique que dans l’Algérie voisine, les militants nationalistes ont été ici aussi pourchassés, emprisonnés, à l’instar du premier d’entre eux, Habib Bourguiba, privé de liberté à plusieurs reprises. D’autres, comme le leader syndicaliste Farhat Hached, ont été froidement assassinés par la Main rouge, organisation terroriste de colons extrémistes qui préfigurait l’OAS. Mais, à la différence de l’Algérie, transformée en département et où le projet colonial a pris des allures d’ethnocide, la Tunisie n’a pas été dépossédée de son identité profonde, préservant ses traditions, ses structures religieuses. C’est pourquoi les Tunisiens assument sans acrimonie l’héritage français. À commencer par celui de la langue. Pas de schizophrénie comme au Maroc et en Algérie, où l’on est souvent soit arabophone soit francophone. La pratique du français n’a pas de connotation idéologique : dans la capitale comme dans les régions, on le parle plus ou moins bien selon son niveau scolaire.
Comme vient l’illustrer la visite que Nicolas Sarkozy effectue du 28 au 30 avril, la deuxième depuis son élection en mai 2007, les liens avec la France sont paradoxalement plus étroits qu’il y a cinquante ans. Sur le plan humain à tout le moins. À la masse des émigrés qui reviennent régulièrement dans la mère patrie en été s’ajoute le flot de touristes hexagonaux qui se déverse sur le pays à la même période. Les uns pouvant être facilement confondus avec les autres. Il suffit de prendre un avion de Tunisair ou d’Air France (les deux compagnies elles-mêmes travaillent en partenariat) pour s’en faire une idée. Dans de nombreux cas, bien malin qui peut différencier une famille tunisienne ou d’origine tunisienne d’une famille de Français « de souche ».
La multiplication des mariages mixtes joue un rôle, mais il n’y a pas que cela. Avec l’élévation du niveau de vie et l’ouverture des frontières tunisiennes aux produits d’importation, on consomme de plus en plus de la même façon des deux côtés de la Méditerranée. Les modes vestimentaires, notamment, deviennent identiques. Donc, on tend à se ressembler. Un petit tour chez Carrefour ou chez Géant, les deux hypermarchés de Tunis, sinon au Monoprix ou au Champion du coin, vous convaincra définitivement que Paris n’est qu’à deux pas de Tunis (ou l’inverse).

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