Après McNamara, Wolfowitz
Le pouvoir du président de la Banque mondiale est encadré par le conseil d’administration, qui entérine les prêts et les décisions pratiques, et par les pays du G7, qui supervisent sa politique générale. Mais la présidence de l’institution offre à son titulaire une tribune d’une portée exceptionnelle. Bien que James Wolfensohn, le président sortant, se soit heurté, à l’intérieur comme à l’extérieur, à une vive opposition, il a laissé sa marque dans le débat sur le développement : n’a-t-il pas accordé la priorité à la lutte contre la corruption et à l’allègement de la dette des pays pauvres ? Wolfensohn a usé de son autorité pour défendre la cause des pauvres. Paul Wolfowitz, son successeur, pourrait utiliser la sienne pour servir les intérêts des États-Unis. […]
Le précédent le plus évident est celui de Robert McNamara, qui quitta le Pentagone avant la fin de la guerre du Vietnam pour prendre la présidence de la Banque. À l’époque, ce choix avait été contesté. Mais lors de son départ, treize ans plus tard, McNamara était bel et bien parvenu à redorer son image.
Wolfowitz accepte-t-il la comparaison avec son devancier ? « Non, répond-il, parce que je ne me reconnais guère dans les étiquettes que l’on me colle… Tout ce que je sais, c’est que McNamara a la réputation d’avoir été un excellent gestionnaire. Et là, oui, j’espère suivre son exemple. » Chercherait-il à fuir sa responsabilité dans le déclenchement et la conduite de la guerre en Irak ? Il s’en défend farouchement. « Je n’ai aucune idée des raisons qui ont poussé McNamara à accepter la fonction, mais, pour ma part, je n’entre pas à la Banque mondiale pour échapper à la controverse. »
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