Albin Michel : les clés du succès

Publié le 27 mars 2005 Lecture : 2 minutes.

Mary Higgins Clark : 1 336 000 livres (de tous formats) vendus en 2004 ; Bernard Werber : 1 210 000 ; Amélie Nothomb : 982 000 ; Éric-Emmanuel Schmitt : 509 000 ; Jean-Christophe Grangé : 380 000. Ces quelques chiffres donnent la mesure de la réussite des éditions Albin Michel. Modeste maison familiale créée en 1900, elle est devenue, avec Gallimard, le principal éditeur indépendant français – après que Flammarion et Le Seuil ont été intégrés dans des groupes. Son poids n’a cessé de grandir ces quinze dernières années. En 2003-2004, sa part de marché dans les ventes de littérature générale est voisine de 15 % (voir ci-dessous).
Une partie de la réussite de cette maison tient au « flair » de ses dirigeants, Francis Esménard et Richard Ducousset, respectivement PDG et vice-président. C’est ainsi qu’ils ont misé sur Mary Higgins Clark avant qu’elle soit connue aux États-Unis. En vingt-cinq ans, la reine du polar a publié vingt-sept romans qui totalisent (Poche compris) 30 millions d’exemplaires en France.
Albin Michel est aussi une formidable « machine à vendre » et ne lésine pas sur les dépenses promotionnelles. Cet éditeur a une prédilection pour les documents chocs. Des ouvrages comme Mitterrand et les 40 voleurs de Jean Montaldo lui ont d’ailleurs valu une réputation sulfureuse. Mais c’est plutôt avec les vedettes de la télévision (Pierre Bellemare, Pascal Sevran, Bernard Pivot…) qu’il fait aujourd’hui son miel. Si les best-sellers sont la marque de fabrique de la maison, celle-ci est aussi l’une des plus éclectiques. Jeunesse, BD, pratique… aucun domaine ne lui est étranger. Même s’il ne représente que 6 % de ses ventes, le secteur de la spiritualité occupe une place de choix dans son catalogue. Albin Michel publie de très bons ouvrages sur la pensée musulmane dans le cadre de la collection « L’islam des lumières » que dirige Rachid Benzine (voir J.A.I. 2291).
Le business n’explique pas tout. La dimension humaine d’Albin Michel est l’une des clés de sa réussite. L’éditeur est très proche de ses auteurs et peut compter sur leur fidélité. Sans pour autant leur verser des à-valoir exorbitants. Calixthe Beyala, autre auteur phare de la maison, n’a jamais caché son attachement à celle-ci.
Albin Michel a longtemps fait bande à part dans le monde de l’édition parisien, s’évertuant à dénoncer les « magouilles » des prix littéraires. Ses critiques sont moins virulentes depuis qu’il a sa part du gâteau : trois Goncourt en dix ans (dont Jacque-Pierre Amette en 2003 pour La Maîtresse de Brecht).
Bref, dans un paysage éditorial marqué par des soubresauts permanents, la tranquille progression d’Albin Michel montre qu’une gestion à l’ancienne associée aux recettes du marketing le plus moderne se révèle payante.

La Matinale.

Chaque matin, recevez les 10 informations clés de l’actualité africaine.

Image

Contenus partenaires