Martin Ziguélé

Ancien Premier ministre centrafricain

Publié le 27 février 2005 Lecture : 3 minutes.

Pas un mot au-dessus de l’autre. Et toujours le sourire aux lèvres. Martin Ziguélé, 49 ans, est un modéré dans l’âme. Cet ancien inspecteur principal des impôts, originaire de Paoua, dans le nord-ouest de la Centrafrique, a dirigé le dernier gouvernement d’Ange-Félix Patassé, entre 2001 et 2003. Mais au moins est-il resté propre. En septembre 2004, après dix-huit mois d’enquête, la justice centrafricaine lui a accordé un non-lieu. Ne lui dites pas que son caractère est à l’opposé de celui de son ancien président. Depuis qu’il a été investi pour défendre les couleurs du Mouvement de libération du peuple centrafricain (MLPC) à l’élection présidentielle du 13 mars prochain, il subit les foudres d’Ange-Félix Patassé. L’ancien président est toujours en exil à Lomé et ne peut pas se présenter. Mais il ne veut pas qu’on le remplace…

Jeune Afrique/l’intelligent : Si vous êtes élu, quelle sera votre première mesure ?
Martin Ziguélé : Faire l’état des lieux de nos rentrées d’impôts et de nos relations avec le FMI et la Banque mondiale pour faire face aux besoins régaliens de l’État dans les deux ou trois mois.
J.A.I. : Mais quand vous étiez Premier ministre, vous n’arriviez pas à payer les fonctionnaires…
M.Z. : Si je suis élu, j’aurai les leviers de décision qui me permettront d’appliquer un traitement de cheval aux finances publiques.
J.A.I. : Voulez-vous dire que vous ne pouviez pas le faire sous la présidence Patassé ?
M.Z. : Non, je n’ai pas dit cela. Il ne faudrait surtout pas que mes propos soient mal interprétés et mettent le feu entre le président Patassé et moi ! [Rires.]
J.A.I. : Que pensez-vous de la mise à l’écart d’Ange- Félix Patassé ?
M.Z. : Je la condamne, car il est le candidat naturel du MLPC. S’il rentre à Bangui, le pouvoir menace de le jeter en prison. Notre parti a donc mis en place une candidature de rechange.
J.A.I. : Franchement, est-ce que vous n’êtes pas en train d’essayer de mettre Patassé définitivement hors jeu ?
M.Z. : Non, pas du tout. Je ne cherche pas à le défier ou à le supplanter. Si cela avait été le cas, je me serais présenté dès le départ comme le candidat du parti. Or je n’ai déposé qu’une candidature de précaution, et j’ai mandaté le parti par écrit pour qu’il retire ma candidature si jamais celle du président Patassé était validée.
J.A.I. : Patassé affirme que vous ne pouvez pas représenter le MLPC en son absence…
M.Z. : Je ne veux pas polémiquer avec lui. Simplement je veux dire que ma candidature n’est pas une décision personnelle, mais celle du parti, qui m’a désigné le 24 janvier dernier. Pourquoi ? Parce qu’il faut que le MLPC ait un candidat ! Je suis un adversaire résolu de la politique de la chaise vide. Regardez la Côte d’Ivoire. Le RDR d’Alassane Ouattara doit regretter d’avoir boycotté les législatives de décembre 2000. Désormais, les textes sont discutés à l’Assemblée en son absence. Je n’ai jamais vu un pays en Afrique où le boycottage ait donné des résultats positifs.
J.A.I. : Patassé prône le boycottage. Et il reste populaire. N’est-ce pas un gros handicap pour vous ?
M.Z. : Je sais qu’il reste populaire. Mais je ne suis pas candidat contre le président Patassé ! Au contraire. Si le MLPC revient au pouvoir, sa situation sera beaucoup plus favorablement examinée. Et, un jour, il pourra recouvrer ses droits de citoyen libre. Je suis contre les règlements de comptes. J’ajoute que mon parti revient sans esprit de vengeance. Nous ne sommes pas une association de malfaiteurs et nous n’avons pas le couteau entre les dents. Je suis convaincu que le futur président devra être un rassembleur et gouverner au centre.
J.A.I. : Est-ce une pique contre Patassé ?
M.Z. : Non. C’est une réponse à nos adversaires politiques qui essaient de faire peur aux Centrafricains en leur disant que nous voulons nous venger.
J.A.I. : Ne craignez-vous pas d’être écrasé par le rouleau compresseur Bozizé ?
M.Z. : Non. Je fais confiance au MLPC. C’est le plus grand parti politique centrafricain, et il est présent dans tout le pays. Je ne crois pas une seconde à la victoire de François Bozizé au premier tour. Ce n’est pas en mettant en place deux ou trois structures neuf mois avant les élections qu’il peut quadriller le pays et faire 51 % au premier tour ! En plus, tout le monde sait que ces structures sont administratives. Elles ne viennent pas de la base, comme nos sections ou celles des partis d’André Kolingba, Jean-Paul Ngoupandé, ou Abel Goumba. Il y a une dynamique unitaire dans l’opposition et nous nous sommes engagés à soutenir celui qui ira au second tour.

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