Les affaires continuent

Publié le 27 février 2005 Lecture : 2 minutes.

La Côte d’Ivoire célèbre ses dix ans de présence au Salon international de l’agriculture, qui se tient à Paris du 26 février au 6 mars. Cette manifestation est traditionnellement une vitrine internationale de première importance pour l’agriculture ivoirienne, qui y trouve l’occasion d’exposer sa diversité : les cultures d’exportation, comme le café, l’hévéa et les fruits, côtoient les cultures vivrières (riz, céréales, banane plantain, manioc, huile de palme…). Sans oublier le cacao, dont le pays reste le premier exportateur mondial. Environ 40 % du cacao consommé dans le monde provient des plantations ivoiriennes situées dans la « boucle du cacao », qui s’étend d’est en ouest, dans le sud du pays, depuis la frontière ghanéenne jusqu’à celle de la Guinée. Cette localisation géographique, hors de la zone occupée par les rebelles depuis septembre 2002, permet au cacao ivoirien de traverser la crise sans trop de dommages.
Pourtant, l’alerte a été chaude : la rébellion armée a commencé au moment où la campagne de commercialisation de la récolte 2002 démarrait. L’éventualité d’un embrasement général du pays a fait craindre que le cacao ne puisse plus sortir des plantations et atteindre les ports de San Pedro et d’Abidjan, d’où il est embarqué vers les pays consommateurs. D’où une flambée des prix historique sur le marché international. Mais, très rapidement, la situation est redevenue pratiquement normale. La production reste supérieure à 1 million de tonnes par an, son niveau d’avant la crise, avec même un record à plus de 1,3 million de tonnes pour la campagne 2002-2003, au plus fort des troubles. Pour la campagne en cours, les volumes exportés sont actuellement en léger retrait par rapport à l’an dernier. Mais cela n’inquiète pas, outre mesure, les clients du cacao ivoirien, comme le prouve la stabilité, voire l’apathie, des cours sur les Bourses de Londres et de New York. Malgré la crise, les affaires continuent. Personne n’a intérêt à tuer la poule aux oeufs d’or.
Sous cette apparente sérénité, le monde du cacao ivoirien reste cependant marqué par le conflit. Le signe le plus tangible est sans doute le départ de milliers de Burkinabè et de Maliens, qui ont dû fuir le pays. Installés de longue date en Côte d’Ivoire, ils ont largement contribué à hisser la production à son niveau actuel. Originaires du Nord et, pour la plupart, musulmans, ils ont été assimilés à la rébellion et chassés de leurs villages par les autochtones, qui se sont emparés de leurs plantations et de leur récolte. Certains se sont juré de ne plus jamais remettre les pieds en Côte d’Ivoire, où ils ne se sentent plus en sécurité.
La tension politique a également des répercussions sur le fonctionnement général du secteur. Le cacao est depuis toujours la vache à lait du pays. En temps de crise, il est l’objet d’âpres luttes d’influence. Les bailleurs de fonds internationaux et l’opposition ivoirienne n’ont cessé, depuis le déclenchement de la crise, de dénoncer la mainmise du gouvernement sur les principales structures qui gèrent l’argent du cacao et l’opacité de leur gestion, confiée à des proches du président. La confiance sera difficile à rétablir.

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