Gilchrist Olympio, un chef en exil

Publié le 27 février 2005 Lecture : 2 minutes.

Opposant depuis toujours au régime de feu Gnassingbé Eyadéma, et aujourd’hui à celui de son fils Faure Gnassingbé, Gilchrist Olympio, 68 ans, président de l’Union des forces du changement (UFC), s’apprête à vivre des semaines décisives. Dire qu’il s’y est préparé sa vie durant n’est pas qu’une image. N’est-il pas le fils de Sylvanus Olympio, premier président du Togo indépendant, mort en 1963, sous les balles, assure-t-il, du sergent Étienne Gnassingbé Eyadéma – une caractéristique qui a longtemps donné à son combat l’allure d’une vendetta très personnelle.
Première conséquence : Gilchrist a pratiquement vécu toute sa vie en exil. Pour ses études, d’abord. Après Lomé et Accra, c’est au Hamilton College de Clinton (État de New York) qu’il commence son cursus supérieur, avant de rejoindre la London School of Economics and Political Science puis l’université d’Oxford, en Grande Bretagne. Il en sortira docteur en sciences économiques et en finance. Animateur de l’opposition en exil au cours des années 1960, 1970 et 1980, plusieurs tentatives d’assassinat et deux condamnations à mort pour de prétendues implications dans des tentatives de coup d’État le tiennent éloigné de son pays natal. En juillet 1991, il fait un bref retour au pays, accueilli dans la liesse par des milliers de partisans. Fort de cette audience populaire, il va jouer un rôle majeur dans la Conférence nationale souveraine qui installe un gouvernement et un Parlement de transition. En février 1992, il accepte la direction de l’UFC. L’euphorie est de courte durée. Le 5 mai 1992, en précampagne électorale, il est grièvement blessé dans un attentat à Soudou, une petite localité du nord du Togo, au coeur même du fief du général Eyadéma. Sauvé in extremis, « Gil » reprend son combat politique depuis ses lieux d’exil, le Ghana, la Grande-Bretagne puis la France d’où il dirige, avec des fortunes diverses, ses propres sociétés.
Pourtant, alors que l’heure est venue de concrétiser la lutte, Olympio se retrouve devant la même difficulté qui l’avait écarté du scrutin présidentiel de juin 2003. Aux termes de la Constitution adoptée en 2002, tout candidat doit avoir résidé dans le pays pendant au moins un an avant la tenue du scrutin. Ainsi, l’opposition en exil est-elle exclue de la course. Faure Gnassingbé reviendrait-il aux dispositions constitutionnelles en vigueur avant sa prise de pouvoir que, stricto sensu, Gilchrist Olympio, l’enfant du pays si longtemps poursuivi, le leader charismatique, ne pourrait pas se présenter à une éventuelle élection. Autre obstacle à dégager pour cet homme que l’on sait financièrement très à l’aise et dont les Français se méfient (bien qu’il soit venu s’installer à Paris pour s’en rapprocher) : ses rapports délicats avec les autres chefs de l’opposition togolaise, qui lui reprochent de se considérer comme le premier d’entre eux au point de faire cavalier seul.

La Matinale.

Chaque matin, recevez les 10 informations clés de l’actualité africaine.

Image

Contenus partenaires