Une poudrière cadenassée

Le Caire autorise des dizaines de milliers de Palestiniens étouffés par le blocus israélien à venir se ravitailler.

Publié le 27 janvier 2008 Lecture : 2 minutes.

Intenable. Face à la pression de son opinion publique et aux images dévastatrices diffusées par les télévisions panarabes, le régime égyptien a dû, le 23 janvier, plier et autoriser des dizaines de milliers de Gazaouis étouffés par le blocus israélien à percer la frontière du côté de Rafah. Ainsi vient de céder, sans doute pour peu de temps, l’un des maillons du cordon sanitaire arabe dit « modéré » – les autres étant la Jordanie et l’Autorité palestinienne de Mahmoud Abbas – érigé autour des islamistes du Hamas par l’axe États-Unis/Israël. Même si elle a permis au Hamas de se réimposer sur l’échiquier régional, l’ouverture provisoire de cette soupape de sécurité ne change rien au fond du problème.
Déclarée « entité hostile » par Israël en septembre 2007, la bande de Gaza est une poudrière cadenassée et un vivier de misère. 80 % de son million et demi d’habitants vivent en dessous du seuil de pauvreté, 65 % dépendant de la charité internationale, 58 % des enfants souffrent d’anémie, la moitié de la population est au chômage, l’échec et le niveau scolaires des jeunes sont effrayants. La violence, elle, qu’elle soit interpalestinienne ou exogène, est quotidienne. Les affrontements avec Tsahal, particulièrement intenses à la mi-janvier, se sont ainsi soldés en 2007 par la mort de 454 Gazaouis (dont la moitié de civils), contre 8 Israéliens. Une disproportion qui s’explique par l’asymétrie des moyens utilisés. Côté palestinien : un réservoir d’environ 20 000 militants, mais peu d’armes lourdes hormis les fameuses roquettes Qassam, rudimentaires et très peu létales (6 000 lancées depuis six ans, moins de 20 Israéliens tués) et dont le rayon d’action n’excède pas 20 km. De l’autre : des tirs de chars, des raids d’hélicoptères et des bombardements de F16 avec les dégâts collatéraux que l’on connaît. Plus le blocus, à propos duquel le Premier ministre Ehoud Olmert déclarait, le 21 janvier : « Nous n’avons pas l’intention de faciliter la vie de ces gens. S’ils n’ont plus d’essence, ils n’ont qu’à marcher. Ils sont gouvernés par un régime assassin. »
Le problème, évidemment, est que ce régime a été démocratiquement élu en juin 2006 et qu’aucune solution n’est envisageable en dehors d’un dialogue avec le Hamas. Ou d’une réoccupation, par l’armée israélienne, de la bande de Gaza, qu’elle avait évacuée à la mi-2005. Le ministre de la Défense Ehoud Barak, celui-là même qui avait dit un jour : « Si j’étais palestinien, je serais terroriste », ne veut pas de cette dernière option, celle du pire, trop dangereuse, trop coûteuse. Transformer les perturbateurs du Hamas en acteurs de la paix, donc en interlocuteurs, paraît dès lors la seule issue possible – mais hélas improbable. En dehors de la Syrie et de l’Iran, en effet, aucun régime arabe ou musulman ne soutient les « mauvais » Palestiniens de Gaza dans leur résistance face à Israël. À titre d’exemple, on relèvera la glorieuse résolution de l’Organisation de la conférence islamique (OCI) prise le 21 janvier au Caire, alors que Gaza était plongé dans le noir : l’OCI prie le Conseil de sécurité de l’ONU de se réunir d’urgence sur le sujet. Consternant.

La Matinale.

Chaque matin, recevez les 10 informations clés de l’actualité africaine.

Image

Contenus partenaires