Qui paiera les dettes de l’ex-champion des pâtes ?

En cessation de paiements depuis un an, le groupe agroalimentaire Affes ne trouve pas repreneur. Une fois de plus, les banques pourraient être mises à contribution.

Publié le 27 janvier 2008 Lecture : 2 minutes.

En cessation de paiements depuis un an et sous administration judiciaire depuis mai, le groupe agroalimentaire Affes n’a toujours pas de repreneur. L’affaire est suivie avec intérêt par les milieux d’affaires tunisiens, qui craignent un nouveau scandale Batam, l’ex-champion de la distribution d’électroménager, disparu pour surendettement en 2003. Le grand public se sent tout autant concerné par Affes, très connu pour ses marques de pâtes alimentaires (Spiga) et de couscous (Diari). Autre similarité : Batam et Affes se sont chacun endettés à hauteur de 180 millions de dinars (150 millions de dollars). À comparer, dans le cas du groupe Affes, à un chiffre d’affaires de 230 millions de dinars en 2006. Enfin, hasard du calendrier, les actifs de Batam, qui avait été un empire de 200 millions de dinars, ont finalement été cédés mi-janvier à moins de 8 millions de dinars à deux commerçants (Semir Dhiab et Hamadi Makni). Une cession qui signe la mort définitive de Batam, créé par les frères Ben Ayed en 1988, et qui laisse les banques avec de lourdes ardoises.

120 millions d’emprunts
En ira-t-il de même pour Affes ? Tout semble l’indiquer. Le 15 janvier dernier, le tribunal de Sfax a chargé les sept administrateurs judiciaires de discuter avec les pouvoirs publics et les créanciers du sort des sommes prêtées à Abdesselam Affes par les banques (environ 120 millions de dinars) ou dues à ses fournisseurs (environ 60 millions de dinars). Ce ne sont pourtant pas les repreneurs potentiels qui ont manqué. Parmi eux, des fabricants de pâtes italiens comme Panzani, Barilla et Colossi, le groupe marocain Tria et le géant agroalimentaire tunisien Poulina. Mais, après évaluation, ils n’ont pas donné de suite, sauf le groupe Poulina, dont l’offre a été rejetée parce qu’elle était limitée aux actifs.
Au bout du compte, les administrateurs judiciaires n’ont présenté au tribunal que deux offres. La première est formée par l’épouse et le fils d’Abdesselam Affes (celui-ci est écarté de la gestion du groupe depuis la mise en cessation de paiements), soutenus par des hommes d’affaires, parents et alliés à la suite d’un tour de table solidaire. Ils proposent une participation dans la recapitalisation de l’ordre de 15 millions de dinars. La seconde offre est celle de l’homme d’affaires sfaxien Mohamed Driss. Il accepte de reprendre l’affaire, en payant 50 millions de dinars, à condition que le paiement de 90 millions de dinars de dettes soit étalé sur quinze ans et sans intérêts.
Mais pendant que les négociations se poursuivent avec les autorités, ce sont en particulier les banques qui supportent les dettes. Selon nos informations, elles seraient quatre à être plus directement concernées, avec en tête l’étatique Banque nationale agricole (BNA). La question est finalement de savoir si ce qui n’a pas marché pour sauver Batam marchera pour sortir le groupe Affes de cette crise dans laquelle il s’est placé par sa mauvaise gestion et l’absence de vigilance des banques. Qu’elles effacent les dettes ou qu’elles les rééchelonnent, comment pourront-elles ensuite satisfaire les demandes légitimes de la Banque centrale (lire aussi page 74) pour qu’elles affectent leurs bénéfices au provisionnement des impayés afin d’atteindre les normes prudentielles exigées d’elles dans le cadre de l’assainissement stratégique du secteur financier ?

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