Qui en veut à Guillaume Soro ?

Publié le 27 janvier 2008 Lecture : 2 minutes.

D’abord IB, la lutte entre les deux hommes remonte à septembre 2002. Quand l’insurrection éclate à Bouaké, le mouvement se cherche un chef. IB ? Depuis plusieurs mois, l’ex-putschiste de 1999 circule à Ouagadougou au vu et au su de tout le monde. Il ne peut donc pas se mettre en avant, au risque de déclencher un conflit entre la Côte d’Ivoire et le Burkina Faso. C’est Guillaume Soro qui est choisi. Mais IB reste influent au sein des Forces nouvelles (FN). Beaucoup de combattants sont des Malinkés de confession musulmane, comme lui. Les Sénoufos, de confession chrétienne, comme Guillaume Soro, sont beaucoup moins nombreux.
En juin 2004, IB, qui vit en exil, fomente une mutinerie à l’intérieur des FN. À Korhogo, le coup est tout près de réussir. La poudrière est prise. Mais l’armée burkinabè vient à la rescousse de Soro. Soixante-dix partisans d’IB sont capturés et entassés dans un conteneur surchauffé où ils meurent étouffés (source ONU).
IB est-il à l’origine de l’attentat contre l’avion de Guillaume Soro, le 29 juin dernier à Bouaké ? Pas sûr. De l’aveu de Wattao, le chef d’état-major adjoint des FN, la roquette et la chaîne de munitions de mitrailleuse retrouvées intactes après le coup ne provenaient pas des stocks des FN. « Cela ne vient pas de ma poudrière », a-t-il lâché. Sept mois après les faits, et faute d’une enquête que l’ONU ne veut pas faire, beaucoup pensent que l’opération a été menée par des dissidents des FN avec un soutien logistique des éléments les plus radicaux du camp Gbagbo.
Laurent Gbagbo lui-même manuvre-t-il contre Guillaume Soro ? Longtemps, il l’a fait, bien entendu. Notamment avec le concours d’IB. L’an dernier, après la réconciliation Gbagbo-Soro, le président ivoirien a avoué qu’il avait rencontré secrètement IB à Cotonou à l’occasion d’une visite officielle chez Mathieu Kérékou. Au moins une fois, IB a reçu une enveloppe de 100 millions de F CFA de la part de la présidence ivoirienne. Mais, depuis l’accord de Ouagadougou de mars 2007, il semble que Gbagbo ne cherche plus à nuire à Soro.
Cela dit, le nouveau Premier ministre reste méfiant. C’est pourquoi son service de communication a fait mettre en ligne cette vidéo « Noël à Abidjan » et l’a diffusée sur les antennes de TV Ma patrie à Bouaké. L’objectif est double. 1 – En finir avec le mythe d’IB le justicier aux mains propres et casser sa popularité (qui est réelle dans le Nord) en montrant qu’il préparait un coup d’État sanglant, y compris dans son fief de Bouaké. 2 – Obliger la justice ivoirienne à engager des poursuites contre IB. Ainsi, le rival politique deviendrait un criminel en fuite, et Laurent Gbagbo perdrait un de ses jokers.

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