Promesses arabes

Publié le 27 janvier 2008 Lecture : 2 minutes.

Avec son cruel éditorial sur les « impuissances arabes » (J.A. n° 2453), Béchir Ben Yahmed ouvre un débat qui mérite d’être poursuivi, car il met en jeu les sensibilités et appelle à une relecture de l’Histoire. En tant que diplomate français familier du monde arabe, je serais peut-être moins sévère.
Il y a, en effet, des circonstances atténuantes au déficit collectif arabe. L’Histoire a détruit la cohésion et la dynamique originelle. Les querelles religieuses ou de pouvoir, l’invasion mongole, la domination ottomane, la colonisation du Maghreb, les rivalités des nations occidentales pour la défense de leurs intérêts ont fractionné, entre autres maux, le monde arabe, qui n’a jamais retrouvé une volonté commune, même si l’opinion publique – celle de la rue – existe bien de Damas à Casablanca, nourrie par les frustrations ressenties et accentuées par les médias transnationaux.
Des progrès incontestables sont réalisés au sein des ?sociétés arabes, même s’ils n’entrent pas dans la comptabilité statistique dont Béchir Ben Yahmed fait état. Les sociétés civiles dans des pays comme la Tunisie et l’Égypte sont appelées à jouer un rôle croissant. L’éducation des femmes et leur accès aux niveaux supérieurs du savoir (y compris en Arabie saoudite et dans les pays du Golfe) sont également prometteurs. L’évolution de la démographie avec une maîtrise programmée de la natalité favorise l’allègement des contraintes. La mondialisation donne une nouvelle substance aux identités.
Dans le domaine politique, si les divergences sont évidentes, la concertation porte quelques fruits en évitant les affrontements et en facilitant les attitudes positives. Le secrétaire général de la Ligue arabe, Amr Moussa, doit être félicité pour ses efforts et ses premiers résultats. N’y a-t-il pas maintenant une proposition commune de paix faite à Israël ? Javier Solana ne peut en dire autant pour l’Union européenne toujours indéterminée dans sa politique extérieure.
Comme le dit l’historien du monde arabe Henry Laurens, il y a bien longtemps que la question d’Orient est en fait la question de l’Occident, c’est-à-dire du regard prédateur qu’il porte sur l’Orient et dont l’intervention américaine massive ?en Irak, sous le prétexte de la démocratie, est la dernière manifestation.
Alors, soyons objectifs : l’Histoire et la géographie sont aussi des facteurs essentiels du malheureux destin des peuples arabes. Comme disait de Gaulle aux heures noires, « n’insultons pas l’avenir ».

La Matinale.

Chaque matin, recevez les 10 informations clés de l’actualité africaine.

Image

Contenus partenaires