La ténébreuse histoire de la Westermoskee

Publié le 27 janvier 2008 Lecture : 2 minutes.

L’histoire de la Westermoskee (« mosquée de l’Ouest ») ressemble à un roman policier moderne, avec ses dimensions financière, multiculturelle et métaphysique Tout commence lorsque l’organisation turque Milli Görüs entreprend de bâtir une gigantesque mosquée dans la capitale des Pays-Bas. Le fait que Milli Görüs, à la fois proche de l’extrême droite turque (les fameux « loups gris ») et des islamistes, obtienne le permis de construire fait jaser. Après tout, elle est interdite en Turquie et en Allemagne Cependant le gouvernement laisse faire, au nom de la séparation de l’État et des « Églises ». Mais on découvre rapidement que cette séparation n’est qu’une vue de l’esprit : Amsterdam a fourni le terrain à prix cassé, ce qui signifie que la ville a en fait subventionné la mosquée. C’est d’autant plus curieux qu’Amsterdam est solidement tenu par le parti socialiste (PvdA), censé être laïque. Mais le maire, Job Cohen, classé en 2006 meilleur maire du monde par City Mayors grâce à sa politique de rapprochement des communautés, est prêt à en faire beaucoup pour se concilier les musulmans, fussent-ils fondamentalistes. Quand un journaliste révèle des contacts entre Milli Görüs et les Frères musulmans, Cohen répond que ces derniers sont « plutôt aardig [sympas] »

L’affaire prend un tour bizarre quand on apprend que le directoire de la Westermoskee propose des services aux futurs fidèles. Prières ? Pèlerinages ? Non. Il s’agit de services financiers : on incite les Turcs des environs à confier leurs économies à un fonds d’investissement lié à la mosquée. La police d’Amsterdam sait que nul ne peut servir deux maîtres, Dieu et Mammon : une enquête, une perquisition, et c’est l’arrestation d’Üzeyir Kabaktepe, directeur d’un lieu de culte dont on voit à peine les fondations mais qui est déjà une juteuse affaire. Ledit Kabaktepe a en effet transféré 1,3 million d’euros sur ses propres comptes. Plus grave encore : on découvre des armes chez lui, tout un arsenal. Ques aco ? Ses employeurs se retournent contre lui, le licencient et l’assignent en justice.
Incident de parcours ? Non : car Üzeyir Kabaktepe était le seul membre « modéré » du directoire. C’était en quelque sorte la feuille de vigne de Milli Görüs. Y a-t-il eu manipulation pour s’en débarrasser ? En tout cas, lui parti, la ville se retrouve avec une organisation islamiste et ultranationaliste en train de construire la plus grande mosquée du pays La presse sonne l’alerte, les partis politiques et les citoyens s’en mêlent et le maire s’incline. La construction de la Westermoskee est stoppée (officiellement « pour des raisons financières ») et nul ne sait quand elle reprendra

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