« Jamais plus je n’irai travailler là-bas »

Publié le 27 janvier 2008 Lecture : 2 minutes.

Entre septembre et novembre 2007, quelque six cents Maliens ont été expulsés de Libye. À chaque fois, c’est le même scénario : les autorités maliennes ne sont pas prévenues de leur arrivée et découvrent des hommes épuisés, malades, blessés, traumatisés. Emprisonnés, parfois plusieurs mois, avant d’être refoulés, ils vivent un vrai calvaire. Tiefing Coulibaly, 34 ans, un Malien expulsé de Libye en novembre dernier, témoigne.
« Je viens de la région de Kayes, dans l’ouest du Mali. En 2005, ma famille s’est cotisée pour me permettre d’aller en Libye. J’ai pris l’avion jusqu’à Tunis et j’ai rejoint en voiture Tripoli d’abord, puis Ajdabiya, où j’ai trouvé un emploi. Je travaillais dans une boulangerie. Et en économisant, j’ai pu acheter un taxi que je louais. Je gagnais près de 450 dinars (252 euros) par mois ; ce qui me permettait d’envoyer 500 000 F CFA (762 euros) par an à ma famille. Je logeais dans un petit appartement avec ma femme et mon enfant qui venait de naître.
« Beaucoup de Maliens travaillent dans le bâtiment. Depuis août 2007, nous avions régulièrement des problèmes avec la police. Ils nous rackettaient, quelquefois nous battaient. Je me suis fait arrêter au petit matin lorsque je rentrais de la boulangerie. Les policiers m’ont gardé pendant trois jours, puis ils m’ont jeté en prison avec d’autres Subsahariens. Des Maliens mais aussi des Ghanéens, des Ivoiriens, des Nigérians. Certains étaient installés en Libye depuis plusieurs années, comme moi. D’autres voulaient aller en Europe. Ils habitaient dans un foyer. La police y a fait une descente et a arrêté tout le monde.
« Je suis resté en prison une semaine. Les conditions étaient très difficiles. Nous avions peu à manger et pas de quoi nous laver. Contrairement à certains de mes codétenus, et surtout à ceux qui ont été expulsés avant nous en septembre et en octobre, je n’ai pas été battu. J’ai eu de la chance. Nous étions une centaine dans le même cas. Je n’ai pas pu prévenir ma femme ni retourner chez moi pour récupérer mes biens et mes économies. J’avais réussi à mettre 3 000 000 de F CFA (4 573 euros) de côté. Une fois arrivés à Bamako, nous avons été pris en charge par la protection civile qui a soigné les malades et nous a donné l’argent nécessaire pour rentrer au village. Maintenant, je voudrais retourner en Libye, avec des papiers, pour récupérer mes affaires et rentrer avec ma femme et mon enfant. Jamais plus je n’irai travailler là-bas. »

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