Quarantaine médicale ou politique ?

Le leader de la rébellion casamançaise a été hospitalisé à Paris.

Publié le 26 novembre 2006 Lecture : 2 minutes.

Il y a plus d’un mois, le 20 octobre, l’abbé Augustin Diamacoune Senghor, secrétaire général du Mouvement des forces démocratiques de Casamance (MFDC), d’abord hospitalisé à Dakar, à la demande du président Abdoulaye Wade, a été évacué par avion sanitaire à l’hôpital d’instruction militaire du Val-de-Grâce, à Paris. Il y séjourne depuis, dans un service de médecine générale, après avoir passé les premiers jours en réanimation. Contrairement à ce qu’affirment des proches de Diamacoune comme Mamadou Nkrumah Sané, Ansoumana Badji ou Jean-Marie François Biagui, ceux-ci ne sont pour rien dans ce transfert, suggéré par les médecins militaires français de Dakar et très volontiers accepté par le chef de l’État sénégalais.
Wade a peut-être réussi, sous couvert d’un habile geste humanitaire, à éloigner le chef historique de la rébellion de manière à pouvoir amorcer une nouvelle orientation de sa politique de sortie de la crise casamançaise. Il s’est évertué à gérer le dossier de diverses manières depuis qu’il est au pouvoir, après avoir promis à son prédécesseur, Abdou Diouf, dont il était alors le ministre d’État, de le régler en six mois s’il en avait la charge ; ce qui, on le sait, ne fut pas le cas.
En effet, si l’abbé Diamacoune a pu sortir régulièrement depuis quelques années de sa résidence plus ou moins surveillée de Ziguinchor, en Casamance, en particulier pour se rendre à Dakar, c’est la première fois qu’il quitte l’Afrique et le territoire sénégalais depuis plusieurs décennies. Et à peine le prélat était-il hospitalisé dans la capitale française que Wade en appelait à près de 200 représentants de la société civile casamançaise pour leur confier la gestion du processus de paix. Hommes et femmes, jeunes et anciens, musulmans comme chrétiens ou animistes, chefs traditionnels comme parents de responsables civils ou militaires du MFDC, tous ont été priés de se mobiliser en faveur de la réconciliation et du développement.
Diverses mesures d’accompagnement, encore modestes mais symboliques, ont été annoncées par Abdoulaye Wade, alors que certaines voix s’élèvent pour contester le désintéressement d’une partie au moins des personnalités appelées à la rescousse. Pendant ce temps, à Paris, dans sa chambre d’hôpital, l’abbé Diamacoune, qui reçoit un tout petit nombre de visiteurs, n’a plus de prise directe sur les événements en Casamance, même s’il reste le chef charismatique du MFDC et la seule figure consensuelle. Tout au plus peut-il se réjouir de se trouver en France, puisque, selon lui, ce sont les Français qui détiennent la clé du problème casamançais ; il leur suffirait de faire comprendre aux autorités du Sénégal que la Casamance n’a jamais été sénégalaise, et que l’indépendance, en 1960, aurait dû être accordée simultanément à Dakar et à Ziguinchor.

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