Prochaine cible, Téhéran ?

Publié le 26 novembre 2006 Lecture : 2 minutes.

Les Américains attaqueront-ils l’Iran ? À première vue, la débâcle irakienne et la « raclée » électorale du 7 novembre paraissent dissuasives. Mais avec George W. Bush, sait-on jamais Seymour Hersh publie dans la dernière livraison du New Yorker sous le titre « The Next Act » (« Le prochain coup ») une longue enquête fourmillant de révélations. Le célèbre journaliste américain s’y efforce de répondre à cette question cruciale : y a-t-il plus ou moins de risques qu’une administration mal en point déclenche une guerre en Iran ?
Au passage, il nous rappelle qu’il faut compter avec le bellicisme israélien. Le Premier ministre Ehoud Olmert a mis en place au début de l’année un comité spécialement chargé de coordonner la collecte des renseignements sur l’Iran. Dirigé par le général Eliezer Shkedi, le patron de l’armée de l’air, ce comité ne rend compte qu’à lui-même. En octobre, ce même Olmert a nommé Ephraïm Sneh vice-ministre de la Défense, poste qu’il avait déjà occupé sous Ehoud Barak. Connu pour son intransigeance sur la question, ce député travailliste ne croit ni au traitement diplomatique ni aux sanctions internationales et plaide pour une action préventive destinée à empêcher l’Iran d’acquérir la bombe. « Le danger n’est pas tant qu’Ahmadinejad attaque Israël, déclarait-il récemment au Jerusalem Post, mais qu’Israël soit condamné à vivre sous la menace permanente d’un dirigeant qui a juré sa destruction. » Benyamin Netanyahou, le leader du Likoud, ne dit pas autre chose dans le Los Angeles Times : « Nous sommes en 1938, et l’Iran, c’est l’Allemagne ». Il n’est donc pas question de laisser le pseudo-Hitler de Téhéran acquérir la bombe. Il est « encore temps » de s’y opposer.
En réponse aux pressions israéliennes, le vice-président Dick Cheney aurait, selon Hersh, répondu : « Nous n’allons pas vous laisser tomber, mais ne faites rien sans nous. » Un diplomate européen résume ainsi la situation : « Pour Israël, c’est une question de vie ou de mort. Les États-Unis ne veulent pas attaquer l’Iran, mais si les Israéliens sont prix à la gorge, ils n’auront pas le choix. »
En cas d’attaque contre l’Iran, Bush peut, semble-t-il, compter sur le soutien des démocrates. Hillary Clinton, par exemple, est catégorique : « Pas question que l’Iran possède la bombe. ». Ce qui signifie qu’ « aucune option n’est exclue » pour le contraindre à y renoncer. En mai, Olmert avait suscité les applaudissements des congressmen réunis en session spéciale en déclarant que « la bombe iranienne signifie qu’un État terroriste aura les moyens massacrer en masse des innocents » et que « relever ce défi est la grande épreuve de notre époque ».
Au département d’État, le propos est plus nuancé. « Lorsqu’il faudra prendre une décision, confie Leslie Gelb, un ancien responsable, les Israéliens auront du mal à vendre l’idée que l’Iran est sur le point d’acquérir la bombe. Tant l’armée que le département d’État seront à coup sûr hostiles à une campagne de bombardements préventifs. » Puisse l’arrivée de Robert Gates au Pentagone permettre aux États-Unis de répondre à la question qui les préoccupe le plus aujourd’hui : l’interventionnisme iranien en Irak. « Dans les deux ans à venir, conclut Gelb, nous serons davantage amenés à négocier avec l’Iran qu’à le bombarder. »

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