Vos lettres et courriels sélectionnés

Publié le 26 août 2007 Lecture : 6 minutes.

Youlou, création coloniale
J’ai lu avec plaisir votre numéro double (J.A. n° 2431-2432). Dans le dossier sur le Congo-Brazzaville, vous traduisez le mot matanga en lingala par « deuil ». Matanga signifie en fait « veillée mortuaire ou funèbre ». Mais le plus intéressant dans ce dossier concerne la chute de Youlou, l’abbé défroqué qui a oublié ses préceptes religieux en arrivant au pouvoir. Il est important de rappeler au peuple congolais que trois syndicalistes ont donné leur vie avant la chute de Youlou : Raphaël Massamba, Pierre Ntsété et Gaston Lenda. Ces hommes ne doivent pas être oubliés, et le pays devrait leur rendre hommage. Cependant, contrairement à ce qui est écrit, l’ascension de Youlou débute après 1956, car, jusque-là, c’est plutôt le PPC (Parti progressiste congolais, rattaché au Rassemblement démocratique africain et proche du Parti communiste français) de Jean-Félix Tchicaya qui rafle toutes les élections, suivi du MSA (Mouvement socialiste africain, de Jacques Opangault). Youlou n’a jamais lutté, il a été fabriqué de toutes pièces par les milieux coloniaux pour contrecarrer les deux autres leaders, des hommes à l’intégrité sans faille.
Obambé Gakosso, Gisors, France

Réponse : Merci pour ces précisions. Matanga signifie effectivement « deuil » et « veillée mortuaire ».

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Expulsions infamantes
Comment ne pas être scandalisé par le traitement réservé à des ressortissants guinéens vivant à Lille, sans papiers, en grève de la faim pour revendiquer le droit de vivre dignement en France, pays où ils étaient établis depuis plusieurs années ? M. Touré a été expulsé, laissant ici femme et enfant dans la plus grande détresse. Khalifa, 19 ans, a fait un malaise cardiaque lors cette tentative d’expulsion et a été transporté à l’hôpital de Calais. Son état est préoccupant, il a perdu 23 kg La vie de ces hommes bien intégrés n’est faite que d’indifférence, souffrance, répression. Les expulsions sont infamantes, prétextes à des violences et humiliations. Qui peut décemment accepter de telles reconduites ? Qui peut dire le sort réservé à ces hommes à leur descente d’avion ? Les autorités sont-elles en mesure de leur apporter protection et aide ? Certains n’ont plus de famille dans le pays qu’ils ont quitté pour échapper à la misère. Mais que font les associations de Guinéens en France ? Peut-être pourraient-elles intervenir auprès des autorités françaises ?
Danielle Jouaire, Lille, France

Les absents ont toujours tort
Le Bûcher de la paix de Bouaké, le 30 juillet 2007, avait deux buts : briser le mur de méfiance entre les Ivoiriens et matérialiser le retour de la paix. En présence de nombreux chefs d’État africains et de la communauté internationale, les figures emblématiques de l’opposition ont raté le rendez-vous de Bouaké : Alassane Ouattara et Bédié. Ils ont choisi la politique de la chaise vide et de se faire représenter. Cette défection de Bédié et Ouattara dénote un refus de mettre fin à une guerre qui n’a que trop duré.
Krou Patrick de Montherland, courriel

Exploitation minière au Burkina
Dans votre article intitulé « Exploration minière au Burkina » (J.A. n° 2426), vous évoquez la recherche de manganèse sur le site de Tambao, dans le nord du pays. Il s’agit de bien plus que d’exploration : la société Wadi al Rawda Industrial Investments, de Dubaï, est engagée dans la réalisation d’une étude de faisabilité en vue de l’exploitation du gisement de manganèse de Tambao. Au stade actuel du projet, les quantités accessibles sont connues (près de 20 millions de tonnes de minerais). Le coût prévisionnel de cette étude est de 470 000 dollars (225 millions de FCFA). Lorsqu’elle sera terminée et si ses résultats sont conformes aux intérêts de l’État burkinabè, un permis d’exploitation pourra être octroyé.
Amidou Baguian, directeur de la communication, ministère des Mines, des Carrières et de l’Énergie, Ouagadougou, Burkina Faso

Une manne pour le continent
C’est avec beaucoup de plaisir que j’ai lu le dossier du numéro double (J.A. n° 2431-3432) qui portait sur le secteur minier africain. Il m’a été agréable de constater que certains pays africains, notamment le Liberia, la Tanzanie, la Zambie et la RDC ont décidé de reconquérir leur souveraineté minière en engageant un processus de renégociation des contrats autrefois passés avec des compagnies étrangères ; le but de l’opération étant d’aboutir à une gestion plus équitable et mutuellement satisfaisante des ressources disponibles. Il était, en effet, regrettable d’observer que l’Afrique, pourtant détentrice d’environ 30 % des réserves minières mondiales identifiées, tardait à tirer un réel profit de cette manne. Vivement que les autres États du continent suivent la même voie !
Jacques Joël Andela, Yaoundé, Cameroun

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Aux origines de Fès
J’ai été très intéressé par l’article « D’où vient le nom de Fès ? » (J.A. n° 2428), mais il me semble que c’est une erreur d’avancer que le nom de cette ville signifie « les rivières ». Fès est l’altération du mot « hache ». Cet outil a été découvert dans une fosse au moment de la création en 799 de cette ville par Idriss II, qui régna sur le Maroc de 793 à 828. Considérant la hache comme un signe de bon augure pour fonder une ville, Idriss II a imposé le nom de « Fès » à la cité qui fut la capitale du Maroc avant Rabat.
Ali Alaoui, Salé, Maroc

Nous ne sommes pas des enfants
J’ai toujours eu l’impression que les médias occidentaux se proclamant indépendants sont – soit sans le savoir soit parce qu’ils sont soucieux de la grandeur de leurs nations respectives – à la solde de la politique extérieure de leur pays. C’est une tendance naturelle, mais elle ne favorise pas l’entente entre le Nord est le Sud. Le même risque plane sur Jeune Afrique. Ce qui me blesse, c’est cette façon de regarder l’Afrique comme un enfant que « les grandes nations » ou les « vieilles démocraties » prennent par la main pour lui apprendre à marcher. Cessez de traiter les pays africains de « bon ou de mauvais élèves ». Contribuez plutôt à la lutte pour l’indépendance effective de l’Afrique. Qu’elle ait les mains libres pour se construire comme elle l’entend. C’est ce que nous attendons de l’Occident. Rien de plus.
Pascal Imani, Bamako, Mali

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Rien de nouveau sous Sarkozy
Le président français a appelé la jeunesse africaine à ne « pas ressasser le passé », mais il se trompe. Notre jeunesse ne regarde pas le passé colonial de la France. Pour la plupart des gens de la génération née dans les années 1975-1980 (et même après), ce n’est pas cette France-là que nous décrions, mais celle des Mitterrand, Chirac, et bientôt Sarkozy, avec leurs pratiques malsaines qui ont entraîné bon nombre de guerres civiles en Afrique. Je suis contre la présence française en Afrique, mais je pense que Paris doit voir d’abord cette relation comme un vrai partenariat et non plus comme une zone où l’on va puiser et piller les ressources pour doper le CAC 40. Sarkozy dit : « Si vous acceptez ceci […], alors la France va faire cela. » La France continue d’avoir une relation paternaliste avec l’Afrique et la maintient dans un rapport dominant-dominé. Sarkozy ne propose rien de nouveau.
Sandra-Luce Katluaza, courriel

Roulons prudemment !
Sur les routes de Tunisie, on voit circuler de grosses cylindrées puissantes et rapides, donc très gourmandes en essence, comme des Porsche, des Hummer et des 4×4 rutilants. Ces bolides atteignent des vitesses folles et leurs heureux propriétaires ne s’en privent pas. Bizarre et paradoxal dans un pays comme la Tunisie, qui détient de tristes records en nombre d’accidentés et de tués sur les routes et qui a fait de la lutte contre les excès de vitesse et l’économie d’énergie son cheval de bataille. Et ce d’autant que la qualité et la largeur de nos routes (hormis quelques kilomètres d’autoroutes) ne permettent pas de rouler très vite.
Fatma Jgham, Gabès, Tunisie

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