La grande misère du journaliste

Publié le 26 août 2007 Lecture : 2 minutes.

Question impertinente : en tant que journaliste, quelles sont vos chances réelles de vous faire insulter – comme il se doit – par l’un de vos confrères ?
Une chance sur deux ? Deux chances sur deux ? Aucune ? Pas d’opinion ?
La réponse, la voici : en tant que journaliste exerçant de ce côté sud de la Méditerranée, vous avez toujours quatre chances sur deux de vous faire insulter par quelqu’un de la corporation.
Entendons-nous, il s’agit ici de l’insulte se déclinant sous toutes les formes, toutes les expressions et à quelque titre que ce soit.
À commencer par la plus courante dans la presse écrite, celle que l’on formule exclusivement pour vous heurter de plein fouet (quoique sans vous citer nommément), en réaction « punitive » à un papier que vous avez commis.
Et puisque l’objet ici n’est pas tant de vous contrer à la régulière – et donc de débattre sur le fond – que d’en découdre une fois pour toutes, histoire de vous remettre à votre « juste place », le cher confrère insultant use et abuse de tous les ingrédients de l’approximation intempestive (lecture biaisée de votre propos, interprétation va-t-en-guerre, mauvaise foi, injures).
Autre forme d’insulte, celle émanant de votre directeur de journal vous intimant de recalquer votre copie exactement sur la ligne éditoriale de son canard, de vous exécuter vite fait s’agissant de publirédactionnels et autres entretiens bidons, d’accomplir le reste des tâches, notamment le secrétariat de rédaction, et en passant, d’être gentil au téléphone, pour en arriver au salaire qui risque de vous passer sous le nez, à la fin du mois, des fois que vous auriez failli aux consignes (puisque vous travaillez ici au noir, sans contrat, sans Sécurité sociale, rien).
Si vous êtes pigiste de votre état, ce n’est ni meilleur ni pire, c’est un autre registre : « On vous fait l’insigne honneur de figurer en bonne place sur les colonnes du journal, et vous voulez, avec ça, monnayer vos papiers ! C’est indigne, ça ne se fait pas ».
Et enfin le nec plus ultra, l’insulte version très british, très smart le flegme en moins.
Il s’agit de celle qui vous est administrée par certains attachés de presse avec lesquels vous vous êtes retrouvé un jour en rapport de travail.
Vous avez beau établir le contact et attendre, pour conclure, les informations demandées, en vain. Trois, cinq, dix jours, un mois plus tard, toujours rien malgré vos relances.
Alors écuré, vous finissez par passer votre chemin sans même vous retourner.

La Matinale.

Chaque matin, recevez les 10 informations clés de l’actualité africaine.

Image

Contenus partenaires