L’Afrique met la pression
Invité le 21 août à Maputo, au Mozambique, Rodrigo Rato, directeur général du Fonds monétaire international (FMI), a promis aux pays africains de « faire son possible » pour satisfaire leurs deux principales revendications : l’augmentation de leur représentation au sein de l’institution internationale et la nomination d’un Africain au poste de directeur adjoint.
Le continent, à l’instar des pays émergents comme le Brésil ou l’Inde, entend profiter de l’élection du successeur de Rodrigo Rato, prévue à la mi-septembre après audition des candidats, pour faire entendre ses revendications, qu’il formule déjà publiquement depuis plusieurs mois. Le Français Dominique Strauss-Kahn, favori des pronostics, ne s’y est pas trompé, qui s’est rendu à Pretoria et à Maputo il y a quelques semaines.
Pour le moment, la représentation africaine ne pèse pas lourd. À la naissance du FMI, l’Afrique s’est vu octroyer 11,2 % des voix. Mais en réalité, ces droits étant fonction de la contribution financière, ils ne disposent que de 2 % des suffrages. Lors de la rencontre de Maputo, le ministre mozambicain des Finances, Manuel Chang, a proposé de porter cette part à 6 % dans un premier temps, avant de récupérer les fameux 11 %. Les grands argentiers du continent ont ajouté à cette revendication l’obtention d’un siège de directeur adjoint.
Si la déclaration de Rodrigo Rato est de nature à rassurer les Africains, la partie est loin d’être gagnée. Une première réforme des institutions a déjà été réalisée, qui a augmenté de quelques centièmes de point seulement la représentation de pays comme la Chine, la Turquie ou le Mexique. La seconde réforme, censée satisfaire les demandes du continent et des pays émergents, ne pourra voir le jour dans l’immédiat. Ce sera donc au successeur de Rodrigo Rato de s’y atteler.
Les pays africains ont promis à Dominique Strauss-Kahn de lui apporter leur soutien, dans l’espoir que celui-ci exauce leurs souhaits. L’apparition d’un nouveau candidat, le Tchèque Josef Tosovsky, présenté par la Russie, pourrait les inciter à faire pression sur le Français. Mais Tosovsky n’a aucune chance d’être élu – la Chine, les États-Unis et l’Europe ont déjà assuré Strauss-Kahn de leur vote – et l’on voit mal le continent se désolidariser de l’Union européenne, son principal bailleur de fonds.
La plus grande difficulté réside dans ce simple constat : donner plus de poids à l’Afrique suppose d’en retirer à d’autres. Or les « grands » pays comme l’Allemagne, la France ou l’Italie ne sont pas disposés à voir leur influence rognée. Si les déclarations de Rodrigo Rato témoignent de la volonté du FMI de faire plus de place à l’Afrique, il coulera de l’eau sous les ponts avant que cette volonté se traduise en actes.
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