Couacs en série à Benghazi
Pour tenter de s’attirer les faveurs des jeunes, Seif el-Islam Kadhafi a pris l’habitude d’organiser chaque année un grand rassemblement à leur intention. L’an dernier, il y avait annoncé un plan de développement pour « la Libye de demain » que le gouvernement a déjà commencé à mettre en uvre (coût estimé : plus de 80 milliards de dollars).
Cette année, à Benghazi, il leur a offert, outre son discours, un grand concert avec des artistes de renom venus du monde entier. On attendait 140 000 spectateurs, acheminés gratuitement, par bus, de tous les coins du pays. Las, il n’en est venu que 40 000. Premier couac. Seif avait pourtant mobilisé des organisateurs professionnels venus d’Europe avec leur matériel. La soirée, retransmise par la télévision nationale, devait durer jusqu’au matin. Il y avait des feux d’artifice Des jeunes filles blondes survolant la foule accrochées à d’immenses ballons
Passablement amorphes pendant le discours de Kadhafi Jr, les jeunes se sont soudainement réveillés à l’arrivée de Bob Geldof, le célèbre rocker et militant antipauvreté. Avant de commencer à jouer, les musiciens ont d’abord dû convaincre, non sans mal, les militaires présents de quitter les lieux. Et c’est alors que les choses se sont carrément gâtées. Hurlant des slogans (« Libya ! Libya ! »), les spectateurs ont balancé une pluie de projectiles en direction de la scène, contraignant Geldof et ses musiciens à se replier précipitamment. La retransmission télévisée a été brutalement interrompue. Comme quoi, il ne suffit pas de faire appel à de coûteux spécialistes occidentaux du marketing pour séduire une ville aussi frondeuse que Benghazi : le clan Kadhafi n’a jamais été ici en odeur de sainteté !
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