Washington-Pretoria : les affamés paieront

Publié le 26 juin 2005 Lecture : 1 minute.

Une négociation insolite se poursuit actuellement entre Washington, Pretoria et Londres : il s’agit de troquer des produits alimentaires destinés aux nations sous-développées contre de l’uranium et des diamants.
En 1950, les USA avaient acheté au Conseil sud-africain de l’énergie atomique pour 100 millions de dollars d’uranium, livrables et payables en quinze ans. Mais la production américaine, dans ce métal rare, dépassa les prévisions, et Washington fit traîner l’exécution du marché. Au début de cette année, plus de la moitié de la commande – 55 millions – restait à livrer et à payer.
Or Washington n’a pas envie (pour recevoir un uranium dont il ne sait que faire) de décaisser 55 millions de dollars. Mais l’Afrique du Sud insiste pour qu’on exécute son marché. […] Or l’Amérique a un gros excédent de produits alimentaires, qu’elle livre aux nations sous-développées selon les indications de l’Agricultural Trade and Development Act. D’autre part, le gouvernement américain veut augmenter son « stock de guerre » de diamants industriels. Washington a donc proposé l’opération suivante :

L’Afrique du Sud livre son uranium. Pour payer ces 55 millions de dollars, les USA font expédier à Pretoria pour 82,5 millions de produits alimentaires. Le gouvernement sud-africain les cède à des hommes d’affaires qui les revendent, avec bénéfice, aux nations sous-développées selon les prescriptions de l’Agricultural Act. Pretoria retient alors, sur ces 82,5 millions, les 55 que lui doit Washington. Il reste donc débiteur de 27,5 millions de dollars. Pour les régler, il achètera des diamants industriels au Congo (2/3 millions de carats) et les enverra aux USA.
Tout le monde y gagne : l’Afrique du Sud a vendu son uranium (difficile à placer actuellement) ; les USA n’ont pas sorti de dollars que Pretoria encaisse pourtant ; les hommes d’affaires sud-africains gagnent de l’argent sur le 82,5 millions de produits alimentaires (et sur les 2/3 millions de carats), et la société minière de Bakwanga, au Congo, vend ses diamants. On peut regretter que les produits alimentaires qu’attendent des gens qui ont faim soient ainsi vendus plus cher, mais personne n’en a cure.

la suite après cette publicité

La Matinale.

Chaque matin, recevez les 10 informations clés de l’actualité africaine.

Image

Contenus partenaires