Et l’Iran dans tout ça ?

Publié le 26 mars 2006 Lecture : 2 minutes.

La doctrine de la Maison Blanche sur la stratégie de sécurité nationale désigne l’Iran comme « le pays » qui représente aujourd’hui le plus grand danger pour les États-Unis. Le document, cependant, ne précise pas ce que l’Amérique devrait faire à propos de l’Iran. Mais ce que l’Amérique pourrait faire aujourd’hui de plus effrayant pour l’Iran – à part une attaque frontale -, ce serait de se retirer de l’Irak. Ce que l’Amérique pourrait, ensuite, faire de plus effrayant pour l’Iran, ce serait de réussir en Irak. Le pire que l’Amérique pourrait faire, cependant, et ce qui ferait le plus grand bonheur des Iraniens, ce serait de continuer à saigner l’Irak et à s’y enliser. En résumé, puisque l’Amérique ne va pas envahir l’Iran, la meilleure manière dont les Américains peuvent peser sur l’Iran, c’est par ce qu’ils font en Irak.
Je m’explique. Je ne suis pas partisan d’un retrait immédiat de l’Irak – pas tant qu’il existe une chance de sortie de crise honorable. Mais si l’Amérique évacuait l’Irak, cela compliquerait incroyablement les choses pour Téhéran. Certains prétendent que c’est l’Iran qui a le plus gagné à l’invasion de l’Irak. Ce n’est pas si sûr. Des siècles d’histoire de la Mésopotamie nous enseignent qu’Arabes et Perses ne font pas très bon ménage. À l’heure actuelle, l’antipathie naturelle et la compétition entre Arabes irakiens et Perses iraniens – bien qu’un grand nombre des uns et des autres soient des chiites – ont été mises en sourdine en raison de l’occupation de l’Irak. Les deux parties peuvent concentrer leur agressivité sur les Américains. Mais dès que les États-Unis s’éloigneront, la rivalité naturelle entre Arabes irakiens et Perses iraniens ressurgira. Ce n’est pas par hasard que l’Iran et l’Irak se sont fait la guerre pendant huit ans, ni seulement parce que Saddam Hussein était au pouvoir. Lorsque les Américains auront quitté l’Irak, il ne fera pas bon pour un homme politique irakien d’avoir une image de « pro-Iranien » ou, pire, de passer pour un instrument de Téhéran.

Si l’Amérique évacuait l’Irak aujourd’hui et si l’Iran devait gérer le chaos dans lequel se trouve le pays, ce serait un énorme problème pour Téhéran. Les Irakiens, on l’a peut-être remarqué, sont de tempérament plutôt indépendant et plutôt violent. Ceux qui s’imaginent que l’Irak est un fruit mûr qui tombera dans l’assiette de l’Iran dès que l’Amérique aura le dos tourné, et que tout sera réglé, ne connaissent ni l’Irak ni l’Iran. Les chiites arabes irakiens n’ont pas attendu pendant des siècles d’accéder au pouvoir pour transmettre ce pouvoir aux chiites persans iraniens. C’est totalement exclu.

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