Meurtrières prisons du Pentagone…

Publié le 26 février 2006 Lecture : 2 minutes.

Dans un récent rapport consacré à la guerre contre le terrorisme, Human Rights First, une organisation américaine de défense des droits de l’homme, accuse l’administration Bush d’éluder sa responsabilité dans la mort, depuis août 2002, d’une centaine de détenus. Huit d’entre eux sont décédés sous la torture. Dans 34 cas, le Pentagone reconnaît qu’il y a eu homicide sinon avéré, du moins vraisemblable. Dans 11 autres cas, la mort résulterait de « mauvais traitements ou d’une rigueur excessive des conditions de détention ».
Le rapport souligne que seuls la moitié des décès consécutifs à des actes de torture ont été suivis de sanction, et que la condamnation la plus sévère n’a pas dépassé cinq mois d’emprisonnement. Cela n’empêche pas Bryan Whitman, l’un des porte-parole du Pentagone, de qualifier les allégations d’impunité de « foutaises ».
Commentaire des rapporteurs : « En ne faisant pas face à ces diverses situations, le pouvoir militaire et les services de renseignements manifestent leur irresponsabilité, tandis que la crédibilité du gouvernement fédéral est compromise par l’écart grandissant entre les politiques affichées et la pratique sur le terrain. »
Depuis l’invasion de l’Afghanistan en 2001, l’administration Bush est soumise à un déferlement de critiques concernant les conditions d’internement de ses prisonniers, d’Abou Ghraib à Guantánamo. Plus récemment, la CIA a été accusée d’avoir exfiltré quelques gros poissons du terrorisme vers des prisons clandestines hors du territoire américain. Kofi Annan a souscrit à la conclusion du rapport d’un groupe de travail indépendant mandaté par l’ONU, qui recommande aux États-Unis soit de faire rapidement juger les détenus de Guantánamo, soit de fermer le site.
« Un seul incident, ça serait une bavure. Deux incidents, un problème sérieux. Une douzaine, ce ne peut être qu’une politique délibérée. » Telle est la conclusion à laquelle arrive John Hutson dans le rapport en question. Ancien avocat général auprès du tribunal des forces navales, Franklin Pierce écrit pour sa part : « Les chefs répondent de la conduite de leurs troupes ; telle est depuis longtemps la base de la justice militaire. Le présent rapport montre pourtant qu’aucun civil ni aucun militaire d’un grade supérieur à celui de major auquel a été confiée la responsabilité des interrogatoires ou des conditions de détention n’a été inculpé consécutivement à des actes de torture ou à des décès résultant de mauvais traitements. »
Un rapport interne du Pentagone concernant les règles applicables en matière de détention a conclu que des responsables de haut niveau du Pentagone étaient en partie coupables d’avoir entretenu une regrettable confusion entre ce qui relève de la détention et ce qui relève des interrogatoires ; mais ce rapport n’est pas allé jusqu’à réclamer des démissions. Donald Rumsfeld, le secrétaire à la Défense, a fait savoir l’an dernier que la Maison Blanche avait à deux reprises refusé son offre de démission.

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