Deux poids, deux mesures

Publié le 26 février 2006 Lecture : 2 minutes.

L’historien britannique David Irving (67 ans) a été condamné à trois ans de prison ferme pour des propos négationnistes tenus en 1989. Difficile de reconnaître dans l’homme à l’élocution bredouillante, qui a comparu le 20 février devant le tribunal pénal de Vienne (Autriche), le flamboyant polémiste qui s’est fait une spécialité de soutenir des thèses provocatrices sur le IIIe Reich et de minimiser les persécutions antisémites des nazis.
À son palmarès figure notamment un livre (La Guerre de Hitler) publié en 1977 dans lequel il ne cache pas son admiration pour le Führer. Ses recherches dans les archives nazies l’ont convaincu que Hitler aurait en réalité défendu les juifs et qu’il ignora jusqu’en 1943 la « solution finale » orchestrée par ses collaborateurs.
Mais ce sont des propos tenus en novembre 1989, en Autriche, qui lui valent sa condamnation. Lors de deux conférences devant les membres de groupes néonazis, puis dans une interview, « l’historien » avait en effet affirmé que les chambres à gaz d’Auschwitz furent « construites par les Polonais après la guerre » et que le pogrom dit de la Nuit de cristal fut perpétré par des inconnus déguisés en SA. Inculpé sur la base d’une loi de 1947 contre la réhabilitation du nazisme, il s’est abstenu pendant seize ans de revenir sur le sol autrichien. Mais le 11 novembre 2005, il a été arrêté sur une autoroute ?de Styrie et incarcéré.
Irving a piteusement plaidé coupable, affirmant même qu’une relecture des archives l’avait finalement convaincu, dès 1992, de l’existence des chambres à gaz. Le tribunal ne s’est montré sensible ni à ce revirement tardif ni à l’argument de la défense selon lequel Irving, citoyen d’un pays qui vénère la liberté d’expression, avait perdu de vue qu’il n’en allait pas de même partout en Europe.
Le procureur a souligné que l’accusé n’était pas un négationniste ordinaire mais un « falsificateur de l’Histoire ».
L’Autriche se flatte de traiter ce type d’affaires avec une sévérité exemplaire. Chaque année, une vingtaine de condamnations pour négationnisme y sont prononcées, mais très peu sont assorties d’une peine de prison ferme.
On peut s’attendre à ce que le verdict de Vienne, faisant suite à la condamnation d’Abou Hamza, l’imam radical de la mosquée de Finsbury Park, à Londres, à sept ans de prison pour incitation à la haine raciale, relance le débat sur la liberté d’expression. Apparemment, dans certains pays et sur certains sujets, celle-ci n’est pas sans limite C’est pourtant cette même liberté qui se trouve invoquée pour justifier le droit de la presse à publier des caricatures qui offensent gravement et gratuitement les 15 millions de fidèles européens de l’islam.

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