De la guerre et de la paix

Publié le 26 février 2006 Lecture : 3 minutes.

Le conflit israélo-palestinien semble être reparti de plus belle : à entendre les dirigeants des deux pays, on se croirait à la veille d’un nouvel affrontement armé. Mais les uns viennent seulement d’être élus et les autres sont à quelques semaines d’un scrutin important. Alors, tenons-en compte et relativisons
Néanmoins, il y a un problème, car nous sommes dans un de ces cas où, fatigués de la guerre, les peuples donnent des signes qu’ils aspirent au compromis, mais ne sont pas entendus par des gouvernants sourds et aveugles.
Ce ne sont pas les deux peuples qui veulent continuer à se battre mais leurs dirigeants, qui confirment leur incapacité à signer un accord de paix et à l’appliquer.
Pour vous en convaincre, lisez en page 25 le témoignage de Thomas Friedman.
Et souvenez-vous de ce que disaient des dirigeants de ces deux pays un autre bon connaisseur : « Les chefs palestiniens ? Ils sont très doués pour immanquablement rater les quelques occasions que l’Histoire leur a données de bien conclure leur combat. Quant à ceux d’Israël, ils ont toujours appliqué de mauvaises solutions avant d’en arriver, trop tard, à la bonne »
Lorsque, en septembre 1993, sur la pelouse de la Maison Blanche, et sous les auspices du président américain de l’époque Bill Clinton, Arafat et Rabin se sont serré la main, les plus sceptiques ont pensé que le conflit israélo-palestinien, vieux de plusieurs décennies, était enfin en voie d’être résolu.
Qui aurait pensé alors que, treize années plus tard, Arafat et Rabin seraient morts, sans avoir transformé l’essai, et que leurs successeurs se tiendraient par le collet ?

Ce préambule me conduit à un constat grave pour Israël : voici un État jeune, puisqu’il n’a pas encore soixante ans d’existence, mais qui se consolide décennie après décennie. Son paradoxe est qu’il est :
– une puissance militaire, et même nucléaire, pouvant battre toute coalition formée par ses adversaires ;
– un envahisseur et un occupant, un colonisateur empiétant sur les territoires de ses voisins ;
– un pays très endetté, mais jamais à court de moyens financiers, et technologiquement très avancé.
C’est ce pays, puissance régionale ménagée par toutes les autres puissances de la Terre, qui ne cesse de se dire – et de se croire – en danger, menacé dans son existence.
Comment ses citoyens ne voient-ils pas que leur État et leur sécurité ne sont pas menacés par leurs voisins (trop faibles et divisés), mais par la volonté-stratégie de ceux de leurs dirigeants, qui persistent à vouloir coloniser, occuper et annexer des territoires sur lesquels leur souveraineté ne sera jamais reconnue ?
En voulant absorber plus qu’ils ne peuvent digérer et en refusant d’évacuer des territoires auxquels les Palestiniens et les autres Arabes ne renonceront pas, les actuels dirigeants israéliens mettent en danger – dans un délai de deux ou trois générations – l’existence de l’État qu’ils ont réussi à édifier, au prix de beaucoup de sacrifices.

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J’ai écrit ici même, il y a peu, qu’en refusant les paramètres proposés par Clinton en décembre 2000, Yasser Arafat a raté l’occasion historique d’obtenir pour son peuple l’indépendance et le territoire qu’il revendiquait.
Je suis persuadé que, du côté israélien, l’autre vieux guerrier qu’est Ariel Sharon a commis une faute de même ampleur lorsqu’il a dédaigneusement refusé de seulement prendre en considération l’offre des vingt-deux pays arabes formulée depuis Beyrouth, les 27 et 28 mars 2002, de paix globale contre l’évacuation des territoires palestinien et syrien conquis par Israël en 1967.
Rejetée jusqu’au bout par Ariel Sharon, ignorée par le successeur de Bill Clinton, l’offre arabe est ce qu’on appelle « un compromis historique ».

À moins de vouloir, au prix de quelques milliers de morts de plus, prolonger d’une ou deux décennies un affrontement qui dure depuis près d’un siècle, il n’y a pas d’autre solution acceptable par les différents protagonistes.
N’a-t-elle pas les mêmes contours que les paramètres de Clinton et le pacte de Genève*, seuls documents ayant cherché et recueilli un consensus international ?
Ne serait-elle pas, encore aujourd’hui, la seule susceptible de convaincre le Hamas de reconnaître Israël et de faire la paix avec lui ?

* Conclu entre l’Israélien Yossi Beilin et le Palestinien Abed Rabbo, au nom de leurs camps respectifs.

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