Décadence et chute de l’Europe

Publié le 26 février 2006 Lecture : 2 minutes.

On rappelle souvent que l’Union européenne (UE) a globalement un PIB qui est approximativement le même que celui des États-Unis. Certes, mais l’UE a 170 millions d’habitants de plus. Son revenu par tête est 25 % plus faible que celui des États-Unis et, plus grave, le fossé n’a cessé de se creuser depuis quinze ans. Si la tendance se poursuit, estime un rapport de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), dans vingt ans, le citoyen américain moyen sera deux fois plus riche que le Français ou l’Allemand. (Le Royaume-Uni est une exception et se situe quelque part entre l’Europe continentale et les États-Unis.)

On a dit que les Européens aiment mieux avoir davantage de loisirs et, du coup, sont plus pauvres, mais ont une meilleure qualité de vie. C’est très bien si vous acceptez d’être payé 10 % de moins et passez plus de temps à table et en vacances. Mais si vos revenus ne sont que la moitié de ceux des Américains, cela se traduira par un moins bon système de santé et d’éducation, un moindre accès à toutes sortes de biens et services et une moins bonne qualité de vie. Deux chercheurs suédois, Frederik Bergstrom et Robert Gidehag, remarquaient dans un ouvrage publié l’an dernier que « 40 % des foyers suédois se classaient dans ce qui serait aux États-Unis des foyers à bas revenus ». Dans beaucoup de pays européens, ce pourcentage serait encore plus élevé.

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En mars 2000, les chefs d’État européens se donnaient comme objectif de faire de l’UE « l’économie fondée sur le savoir la plus compétitive et la plus dynamique en 2010 ». Aujourd’hui, cela a l’air d’une plaisanterie. [] Si vous interrogez des savants et des enseignants de haut niveau sur l’avenir de la recherche scientifique, ils vous parleront rarement de l’Europe. Dans certaines régions, elle est de classe mondiale. Mais ces régions sont de moins en moins nombreuses. Pour les sciences biomédicales, par exemple, l’Europe n’est pas dans la course, et elle pourrait très bien être dépassée par des pays asiatiques beaucoup plus pauvres. Le PDG d’un grand laboratoire pharmaceutique me disait que dans dix ans, les trois pays les plus importants du secteur seront les États-Unis, la Chine et l’Inde. Et je ne parle même pas de la démographie. Dans vingt-cinq ans, le nombre d’Européens en âge de travailler aura diminué de 7 %, et le nombre des plus de 65 ans, augmenté de 50 %. Une seule solution : laisser les gens travailler plus vieux. Mais le pourcentage des Européens de plus de 60 ans qui travaillent est très faible : 7 % en France et 12 % en Allemagne, contre 27 % aux États-Unis.

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