Vos lettres et emails sélectionnés

Publié le 26 janvier 2005 Lecture : 7 minutes.

Qui est hors de l’islam ?
Je souhaiterais réagir aux propos de Cheikh Bouamarane, le président du Haut Conseil islamique algérien (HCI), sur la polygamie (voir J.A.I n° 2287). J’ai bondi en lisant qu’interdire la polygamie équivaut à « sortir de l’islam ». Je lui répondrai par la question suivante : est-ce qu’interdire l’esclavage est aussi sortir de l’islam ? Aucun verset du Coran n’interdit expressément l’esclavage, mais libérer un esclave est un acte très pieux et aussi un moyen d’absoudre ses péchés. La Turquie et la Tunisie, qui ont aboli la polygamie, ne sont donc pas « hors de l’islam », ce sont au contraire les seuls deux pays musulmans qui ont bien appliqué le Coran. Cela me laisse sceptique quant à la capacité de l’Algérie de tourner la page de la polygamie, si des hommes comme Cheikh Bouamarane régissent la réforme de droit de la famille.

Merci à J.A.I.
Merci du fond du coeur à toute l’équipe de J.A.I. pour tout le travail que vous faites afin de nous donner, à nous jeunes Africains, une image positive de nous et de notre continent.

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Un beau cadeau
Je voudrais vous remercier pour la qualité de vos reportages et témoignages, mais également pour la justesse de vos informations. Jusqu’à présent j’allais acheter J.A.I. en kiosque, mais ma fille a eu la bonne idée de m’offrir un abonnement pour Noël. Je vous souhaite donc d’agréables fêtes, avec un voeu particulier pour Béchir Ben Yahmed ainsi que pour Francis Kpatindé, car par leur réflexion, ils me permettent de m’interroger sur la part d’humanité que chaque être est en mesure de faire grandir en lui…
Réponse : J’espère que vous apprécierez, toute l’année 2005, le cadeau que vient de vous faire votre fille (elle a eu une bonne idée, a bon goût et pourrait avoir fait un bon choix). Merci de nous dire, dans quelques semaines, si le cadeau se confirme assez bon. En attendant, bonnes fêtes. B.B.Y.

Hommage à Joseph Caillaux
Qui se souvient de Joseph Caillaux (1863-1944) ? Plusieurs fois ministre des Finances, il était l’homme politique français le plus haï par ses concitoyens. Le plus attaqué par la presse aussi, au point que sa femme assassina Gaston Calmette, le directeur du Figaro à l’époque, qui menait contre lui une campagne virulente. Il fut même emprisonné pour « intelligence avec l’ennemi » en 1917 ! Pourquoi tant d’acharnement sur la personne de Joseph Caillaux ? Parce que ce monsieur a eu l’idée « saugrenue » en 1914 d’imaginer et de créer… l’impôt sur le revenu !
On aurait dû en principe célébrer cette année les quatre-vingt-dix ans de la création de cet impôt. Mais l’événement a été passé sous silence et « oublié ». Pourtant, ce mal aimé « impôt sur le revenu » (l’évasion fiscale est devenue partout dans le monde un sport national) n’est-il pas un acte hautement citoyen, civique et patriotique ?

Heureux les sans-pétrole
J’ai lu avec satisfaction l’article de Francis Kpatindé intitulé « Démocratie : triple victoire subsaharienne » (J.A.I. n° 2292). Il a oublié de souligner un point important. Ces trois pays (Mozambique, Niger, Ghana) ne dégagent pas d’odeur de pétrole et, par conséquent, les politiques locaux ne se comportent pas en prédateurs. De même, les caïmans gourmands de l’Occident ne sont pas attirés dans leurs eaux. Ces pays peuvent rêver la prospérité.

« Un acte terroriste odieux »
L’Association tunisienne des victimes du terrorisme tient à marquer sa plus vive indignation face à la tentative de falsification de l’histoire de la Tunisie opérée dans votre article sur la peine de mort en Afrique du Nord (J.A.I. n° 2293).
Avec une désinvolture choquante, l’auteur de cet article insultant ose parler de « crime lié à des activités politiques », là où il est avéré qu’il s’agissait d’un acte terroriste horrible ayant choqué la conscience collective du peuple tunisien et suscité la profonde indignation de toute la société. L’acte terroriste odieux, présenté par l’auteur comme un vulgaire attentat contre un local du Rassemblement constitutionnel démocratique, a en réalité vu des vétérans de la lutte pour l’indépendance, à qui le peuple tunisien voue respect et admiration, sauvagement assassinés et brûlés vifs par des fanatiques extrémistes. Il ne s’agit pas d’un attentat quelconque, comme l’insinue l’article, mais d’un crime particulièrement atroce qui a endeuillé les parents et traumatisé tout un peuple.
La légèreté avec laquelle l’auteur interprète cet acte criminel grave est une insulte à la mémoire des victimes de l’attentat terroriste de Bab Souika et à toutes les victimes du terrorisme intégriste.
Réponse : À l’évidence, la passion vous conduit à de regrettables excès de langage. Nous avons écrit – et nous le maintenons – que l’attentat de Bab Souika en 1991 était un crime et que ce crime avait des motivations politiques (en l’occurrence, islamistes), ce que nul n’a jamais nié. Le reste de votre réaction relève du procès d’intention pur et simple, auquel il serait superflu de répondre. F.S.

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De Kolwezi à Abidjan
L’opinion critique de François Soudan quant à la présence de bases de l’armée française dans son ex- « pré carré » africain est parfaitement défendable. Ce qui l’est moins, c’est le mode de l’amalgame utilisé pour mieux emporter la conviction du lecteur :
– Pour ce qui de l’article « Questions sans réponse » (J.A.I. n° 2290 p. 10), je lui ferai observer que l’armée française – en l’occurrence la Légion étrangère – est jusqu’à ce jour stationnée à Dzaoudzi (Mayotte) en toute souveraineté territoriale, tout comme elle l’est à Kourou, Calvi ou Nîmes.
– Dans l’encadré intitulé « Les précédents » (J.A.I. n° 2291 p. 13), présenté comme un mini- « best of » des turpitudes militaires françaises en Afrique subsaharienne, le mélange des genres et des contextes vire à la caricature historique et frise la désinformation. En quoi, par exemple, l’opération sur Kolwezi est-elle à inscrire dans le registre de « la part d’ombre » au même titre que la sanglante répression du camp de Thiaroye ? Libre à François Soudan de s’apitoyer sur le sort des sinistres gendarmes katangais de l’époque comme sur celui des apprentis macoutes de Blé Goudé aujourd’hui, mais qu’il le fasse par une argumentation plus cartésienne qu’idéologique.

Les Ivoiriens n’y voient rien
J’ai lu avec intérêt l’éditorial de sur la crise ivoirienne (J.A.I. n °2290). Si ce pays, ancienne vitrine de l’Afrique de l’Ouest, est aujourd’hui dans cette situation, c’est simplement parce que Laurent Gbagbo n’est pas un professeur d’histoire, mais raconte des histoires, et que les Ivoiriens n’y voient rien.

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Quel avenir pour la Côte d’Ivoire ?
Pendant plus de vingt ans, j’ai effectué de nombreux voyages en Côte d’Ivoire. Le pays était devenu la carte de visite de l’Afrique de l’Ouest. Certains parlaient même de la Côte d’Ivoire comme de « la Suisse » de l’Afrique noire. Il est consternant de voir comment l’ensemble de la classe politique ivoirienne a détruit l’héritage de feu Houphouët-Boigny. Certes, cet héritage n’était pas sans ombre ; mais il offrait une base solide et une image de marque que tous les voisins de la Côte d’Ivoire lui enviaient. Un régime présidentiel est-il toujours la formule adéquate pour un pays multiconfessionnel et multiethnique ? Il faudrait une personnalité hors du commun pour assumer une telle charge et être respectée par toute la population. Une forme de fédéralisme pourrait offrir une issue à la crise actuelle. Il s’agirait de remplacer la fonction de président par un pouvoir exécutif, élu par le Parlement, constitué d’un nombre de personnes aussi limité que possible (de l’ordre de cinq à sept) mais dans lequel toutes les régions et confessions seraient représentées.

Tête de Turc
Lorsque dix pays, pour la plupart de l’Est, se sont présentés récemment aux portes de l’Europe, il n’y a pas eu de vagues, et ils sont entrés dans l’Union dans la quasi-indifférence. Aujourd’hui, la seule idée d’ouvrir des négociations avec la Turquie divise les Européens. Ils ont trouvé leur tête de Turc. Les spécialistes des sondages s’accordent à dire que la majorité des Européens sont opposés à l’entrée de la Turquie dans l’UE. Les peurs s’articulent souvent autour de l’idée d’un « État islamique » ou d’un « pays musulman ». La Turquie est en réalité un État laïc, même si l’islam est la religion majoritaire, ce qui est autre chose. Quant à la question des droits de l’homme et de la démocratie, la Turquie, qui a accordé le droit de vote aux femmes longtemps avant la France, est en mesure de progresser. Elle en montre la volonté. Il suffit de se remémorer l’histoire de l’Espagne, de Franco à nos jours, pour comprendre que la dictature n’est pas éternelle.

Thiaroye,1944 : oubli grave
Je trouve vraiment grave, en cette année du soixantième anniversaire du débarquement et de la libération de la France, de ne pas avoir lu un mot dans J.A.I. sur le massacre des tirailleurs sénégalais au camp de Thiaroye en décembre 1944. J’espère que cet oubli sera réparé et que vous consacrerez un article complet à ce crime horrible, injustifié, raciste, ignoble, commis par des Français sur l’ordre d’un gouvernement et de militaires
qui ne méritaient pas le nom d’hommes. Un Français pas fier de l’être.
Réponse : Vous avez mille fois raison. Nous avons eu, par le passé, l’occasion de raconter cette page honteuse de l’histoire coloniale française. Même si ce soixantième anniversaire ne nous a pas échappé, nous n’avons fait que l’évoquer en quelques mots (voir J.A.I. n° 2291, p. 13).

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