Qu’est-ce qu’un OGM ?
Tomate à mûrissement ralenti, pommes de terre moins perméables à l’huile de friture, coton couleur blue-jean pour limiter les pollutions des teintures, soja riche en ester méthylique pour la fabrication de biocarburant économique… Les chercheurs explorent les potentialités infinies des organismes génétiquement modifiés (OGM), ces organismes (animal, végétal ou bactériologiques) dont on a modifié le code génétique par transgénèse, c’est-à-dire en ajoutant, inactivant ou remplaçant des gènes spécifiques.
Selon le Service international pour l’acquisition des applications en biotechnologie agricole (ISAAA), les cultures génétiquement modifiées représentaient près de 68 millions d’hectares en 2003 – soit 15 % de plus qu’en 2002 – réparties dans 18 pays et concernant 7 millions de fermiers. Six pays (les États-Unis, l’Argentine, le Canada, la Chine, le Brésil et l’Afrique du Sud), quatre cultures (maïs, colza, soja et coton) ainsi que deux caractéristiques (la résistance aux insectes et la tolérance aux herbicides) représentaient à eux seuls 99 % de la superficie mondiale des cultures OGM en 2003. En Afrique, le maïs Bt et le coton Bt sont les principales cultures OGM. La résistance aux insectes est établie à partir de l’ajout d’un gène provenant d’une bactérie présente dans le sol, le Bacillus thuringiensis (Bt). Les plantes sont alors génétiquement modifiées pour produire la protéine Bt qui est toxique pour certains insectes ravageurs. Les superficies de coton Bt représentent 70 % de la surface cotonnière des États-Unis, 58 % de celle de la Chine et près de 80 % de celle d’Afrique du Sud.
Les bénéfices des OGM sont encore soumis à caution. Si aucune étude scientifique n’a pu prouver leur dangerosité, aucune étude n’a pu démontrer leur totale innocuité. Ce qui laisse libre cours à deux discours opposés. D’un côté, les pro-OGM, qui considèrent que s’y opposer relève d’un comportement obscurantiste et que l’application stricte du principe de précaution reviendrait à arrêter toute introduction nouvelle. De l’autre, les anti-OGM, qui considèrent que l’interaction entre le gène inséré et les autres gènes de l’organisme peut produire des effets impossibles à prévoir ou à contrôler et qu’il existe un risque de contamination des cultures non-OGM par des pollens OGM (ce qui pose, entre autres, la question de la responsabilité et de la réparation des dommages causés). Pour le chercheur français Jacques Pagès, une chose est sûre : on ne peut pas dire « les OGM », mais « tel OGM utilisé dans telle condition ». Mais, surtout, « on veut aller trop vite alors que les informations que nous possédons sur les OGM sont encore partielles. Il faut se donner du temps. »
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