Nouvelle polémique sud-africaine

Publié le 26 janvier 2005 Lecture : 2 minutes.

Le 17 décembre, la newsletter hebdomadaire du site Internet du Congrès national africain (ANC) publiait un article non signé accusant les Américains de prendre les Africains pour des « cochons d’Inde », des souris de laboratoire. À l’origine de cette indignation, une série d’articles publiés par l’agence Associated Press selon lesquels une étude de 2002 sur les effets de la névirapine en Ouganda aurait été falsifiée. D’après le site Web de l’ANC, le NIH américain (National Institutes of Health), de connivence avec l’industrie pharmaceutique, aurait voulu cacher la réalité des effets secondaires de ce médicament, utilisé chez les femmes enceintes séropositives pour éviter la transmission du virus à leur foetus. C’est en partie sur cette étude que l’administration Bush s’était fondée pour proposer gratuitement de la névirapine aux pays africains.

Aujourd’hui, l’ANC s’émeut des risques de résistance à de futurs traitements que développent les femmes qui prennent de la névirapine en dose unique et à court terme au moment de leur grossesse. Pourtant, ces dangers sont connus depuis longtemps. L’Organisation mondiale de la santé (OMS) les a déjà identifiés et prône plutôt la prescription d’AZT, aux effets secondaires moins forts. Dans la mesure du possible. Car la névirapine coûte 5 dollars, l’AZT, 40. Et en l’absence de traitement alternatif (comme c’est le cas dans nombre de pays africains), l’OMS et les ONG insistent : mieux vaut la névirapine que laisser une mère transmettre le virus à ses enfants.
Zachie Achmat, le directeur de la célèbre Treatment Action Campaign (TAC) sud-africaine, a, une fois de plus, dénoncé les propos des dirigeants de l’ANC en les accusant « de détruire tout le travail » de prévention : « Nous sommes presque revenus à la case départ. » Dans la lettre de l’ANC, la TAC, traitée de « sorte d’ONG », est accusée de vouloir cacher la vérité pour distribuer les médicaments des grandes entreprises pharmaceutiques. Et les responsables de la TAC pourraient bien traîner en justice l’ANC pour « diffamation » – en 2003, elle avait gagné un procès contre le gouvernement qui s’est vu forcé de distribuer des antirétroviraux (ARV) dans les hôpitaux publics. Le groupe de lobby accuse le département de la Santé de porter atteinte à la santé publique avec ses propos « irresponsables, non scientifiques et faux » sur la névirapine.
En attendant que les polémiques sur les traitements contre le sida cessent en Afrique du Sud, où le président Thabo Mbeki lui-même a longtemps eu une attitude de déni dangereuse, quelque 99 % de Sud-Africains meurent chaque jour du sida.

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