Le bac à Noël

Publié le 26 janvier 2005 Lecture : 2 minutes.

On quitte l’année 2004 sur une nouvelle réjouissante, la libération de nos confrères français Chesnot et Malbrunot et de leur chauffeur syrien Al-Joundi, tous trois ex-otages à Bagdad. Tout le monde a vu à la télé les images émouvantes de ce qu’il est convenu d’appeler « la fin du calvaire ».
Mais le plus étrange reste quand même les raisons de cette libération, raisons postées par les preneurs d’otages sur leur site Internet (www.enlèvement.com). Après examen serré de leurs prisonniers, ceux-ci les ont convaincus que la France n’est pas l’ennemie des Arabes.
Les ravisseurs (entre parenthèses, quel dommage qu’un si joli mot soit utilisé pour désigner une occupation si répréhensible), les ravisseurs, donc, ont passé pendant quatre mois une espèce de baccalauréat à l’envers, au cours duquel ils posaient des questions à leurs prisonniers pour mieux s’instruire eux-mêmes. Quatre mois ! Ces zigotos sont un peu lents à la détente, si j’ose dire.
Imaginons ce qu’ont pu être les séances d’interrogation.
– Reprenons, fils de Satan, chien d’Occidental. Où se trouve la France ? Entre le Texas et New York ?
– Pas du tout. Elle se trouve à trois mille bornes de là, en Europe. C’est un pays indépendant.
– T’es sûr ? Mmmmh. Mais Chirac, c’est bien le cuisinier de Bush, non ?
– Mais non. C’est le président français.
– Ça alors, on n’apprend rien à la maternelle de Nadjaf. Dis-moi, les Français, c’est tous des juifs, hein ?
– Non. Il y a en France des catholiques, des musulmans, des protestants, des athées, des agnostiques, des juifs, des cyclistes, des hindous, des bouddhistes… Il y a un peu de tout, quoi.
Le terroriste compulse ses antisèches, puis il reprend :
– Di Gol, c’est une marque de fromage ?
Le général de Gaulle, le Français le plus illustre du XXe siècle, fut l’initiateur de la politique proarabe de la France.
– Ah, vive lui, dans ce cas. Bon, allez, à demain. On cause, on cause, mais il faut quand même que j’aille préparer les questions.
– Sur quoi on planche, demain ? demandent les otages.
Le méchant consulte le programme, l’air soucieux.
– Louis-Philippe et les Arabes, monsieur Thiers et l’Irak, Dalida et l’Islam. Ma’a es-salama !
Au bout de quatre mois, le jury terroriste rend son verdict :
– Mais finalement, la France, c’est pas mal du tout. Allez, on vous relâche. Au revoir et sans rancune.
Quatre mois pour se faire une idée ! Mais c’est pire que le grand oral de l’ENA !

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