Chacun chez soi

Publié le 26 janvier 2005 Lecture : 2 minutes.

Le traité de paix en cours d’élaboration entre le gouvernement de Khartoum, autrement dit le Nord arabe et musulman, et les Soudanais du Sud, Noirs et majoritairement chrétiens et animistes, sera signé à l’aube de 2005. La trêve est déjà conclue, la guerre civile qui a ravagé le pays pendant vingt et un ans est terminée, mais quelques détails restent à régler, et la partie technique du traité tarde à s’achever.

À terme, John Garang, leader de la Sudan People’s Liberation Army (SPLA), sera vice-président d’un Soudan fédéral divisé entre Nord et Sud. Les revenus du pétrole, principal enjeu de la guerre, seront répartis équitablement entre les deux régions. La paix signifiera l’afflux de l’aide internationale. Le 30 novembre, les Nations unies ont lancé un appel aux donateurs pour récolter 1,5 milliard de dollars destinés à couvrir les besoins de l’année 2005 : 600 millions sont destinés au Darfour, à l’ouest du pays, théâtre d’un début de guerre civile, le reste étant alloué au Sud.
Jan Pronk, le représentant spécial du secrétaire général de l’ONU pour le Soudan, a demandé l’envoi de 9 000 Casques bleus. Toutes les agences onusiennes sont dans les starting-blocks et recrutent actuellement leur personnel local, des interprètes aux chauffeurs. Elles vont avoir beaucoup de travail pour faire redémarrer le pays et gérer le retour de près de 4 millions de déplacés. Ils sont 400 000 à avoir déjà quitté les camps. Absentes de chez elles parfois depuis plus de vingt ans, les familles envoient dans leurs villages des éclaireurs, pour voir ce qu’il reste des terres et des habitations, avant d’y dépêcher les anciens, chargés de « réserver » les emplacements. Le Programme alimentaire mondial prépare un demi-million de kits « vivres + outils » pour ces nouveaux candidats au retour.
John Garang prévoit d’installer sa capitale régionale à Juba, 200 000 habitants, une ville située sur le haut Nil, à l’extrême sud du pays. Soucieux de mettre en place une administration territoriale efficace, il recrute toutes les compétences susceptibles de servir dans la fonction publique ainsi que dans la reconstruction. Le chantier est colossal. La ville a beaucoup souffert des bombardements : son centre n’est plus composé que de huttes de terre et de boue. Les habitants se lavent dans le Nil et se déplacent à pied, faute de transports en commun. Mais les signes avant-coureurs d’un nouveau départ sont là : les vols commerciaux ont repris avec Khartoum, la capitale ; nombre d’ambassades cherchent des locaux ; un réseau de téléphonie mobile a été installé ; les pistes sont en cours de déminage ; et la route ralliant le Kenya est déjà bitumée. Dès que les camions pourront circuler, le prix des denrées, à Juba, cessera d’être exorbitant.

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Côté santé, l’hôpital, qui vivotait grâce à la générosité de la Croix-Rouge, reçoit à nouveau des médicaments. Le personnel craint, une fois la paix signée, d’être complètement débordé, car les gens n’hésitent plus à traverser la ville pour se faire soigner. Il faut recruter de nouveaux médecins. Idem pour les cliniques, les écoles, les collèges et tous les services sociaux.
Comment se présente l’avenir ? Dans six ans, les Sudistes devront voter pour ou contre l’indépendance. D’après l’hebdomadaire britannique The Economist, beaucoup d’habitants de Juba affirment qu’ils voteront pour. Le souvenir des exactions passées commises par l’armée gouvernementale est en effet toujours très vif.

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