Antisémitisme
Publié le 26 janvier 2005 Lecture : 2 minutes.
Pour nous, il n’y a guère de différence entre l’antisémitisme et le racisme. Antisémitisme et racisme sont une passion. Le Juif ou le Nègre, le Chinois ou l’Arabe, c’est « l’autre » qu’on distingue par son physique, auquel on attribue un caractère différent, un atavisme, des vices (quelquefois une supériorité), et sur lequel on reporte
ses échecs et sa médiocrité. On s’en fait une image constamment enrichie mais toujours la même pour pouvoir lui reprocher d’être ce qu’on a fait de lui. On lui en veut quand il tente de s’assimiler, de s’intégrer et, en même temps, on l’accuse de tenir à sa communauté, d’être particulier. Racisme et antisémitisme sont des maladies de l’humanité,
vieilles comme elle et aussi répandues que la folie. Il nous faut lutter contre elles, individuellement et collectivement, comme on lutte contre les autres maladies.
Mais nous, Arabes et Juifs, Noirs et Jaunes, sommes à la fois le virus et le malade. Le racisme et l’antisémitisme ne sont pas seulement une maladie de Blancs ou d’Aryens ou de chrétiens. Ce sont aussi nos maladies. Et c’est là que nous retrouvons le problème d’Israël : il est certain que l’antisémitisme existait chez les Arabes avant la création de l’État d’Israël. Il est aussi certain que la création de cet État a donné au mal un cadre nouveau et une autre dimension. Les créateurs de cet État ont inoculé au monde arabe une nouvelle dose de virus.
[] Un monde arabe traumatisé depuis 1948 et où tout, absolument tout, s’explique par ce traumatisme, ce n’est là qu’une des conséquences de la création de l’État d’Israël en Palestine. Les autres conséquences sont aussi graves. La première c’est, bien sûr, un million de personnes déplacées de leurs foyers, réfugiées depuis quinze ans dans des tentes plantées au milieu du désert et condamnées à vivre de la mendicité internationale, à quelques centaines de mètres de leurs maisons et de leurs terres. Et le drame, humainement insupportable, c’est que ce sont des hommes sortant des camps du nazisme et de l’enfer concentrationnaire qui ont mis d’autres hommes, pareils à eux, dans d’autres camps.
[] Voilà pourquoi nous pouvons être contre le sionisme et l’État d’Israël et en même temps, plus farouchement si possible, contre le racisme et l’antisémitisme.
