Un jackpot inégal

Publié le 25 décembre 2005 Lecture : 2 minutes.

Après avoir été longtemps considérée comme un producteur de second rang, l’Afrique fournit aujourd’hui plus de 13 % du pétrole mondial. Tous les ans, de nouveaux puits viennent abonder sa production, qui a augmenté de 40 % entre 1990 et 2004 et devrait encore s’accroître de 50 % d’ici à 2010. Les pays traditionnellement pétroliers (Algérie, Gabon, Nigeria, Angola…) ont été rejoints par la Guinée équatoriale, le Soudan, le Tchad, São Tomé e Príncipe et la Mauritanie. Peut-être demain le Mali et – qui sait ? – le Maroc…

L’Afrique – notamment l’Afrique de l’Ouest – revient ainsi dans le jeu géopolitique et économique mondial à la faveur de son or noir. Le pétrole cher et la nécessité pour les pays industrialisés de diversifier leurs sources d’approvisionnement font du continent un enjeu stratégique de première importance. Les compagnies françaises et britanniques, qui dominaient jadis l’exploration et la production sur le continent, se voient de plus en plus concurrencées par des sociétés américaines, chinoises, indiennes ou encore sud-africaines.

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Le boom du pétrole africain ne saurait cacher une réalité : en Afrique, il y a les pays producteurs, et il y a les autres. Les pays importateurs peinent à financer leurs approvisionnements et l’augmentation du prix du baril obère considérablement leur capacité de développement économique. La situation des pays exportateurs est-elle pourtant meilleure ? La rente pétrolière ne leur profite pas, ou très peu. Le pétrole représente souvent plus de 90 % de leurs exportations et semble les condamner à la monoproduction, tandis que les recettes sont en grande partie utilisées pour des investissements improductifs – quand elles ne passent pas directement dans les poches de quelques-uns. À l’image des exploitations qui se développent au large des côtes, loin des péripéties politiques et des mouvements populaires, la rente pétrolière est « offshore » et l’on peine à en recueillir les fruits. Rien d’étonnant à ce que les indicateurs de développement des pays exportateurs ne soient pas meilleurs que ceux des pays importateurs. En matière de démocratie et de droits de l’homme, la situation est même plutôt meilleure chez les importateurs, comme l’illustre le dernier rapport annuel de Transparency International.

Plutôt que de « malédiction pétrolière », comme on le dit souvent, il faut simplement parler de scandale politique. Ce que commencent à percevoir quelques organisations internationales et certains gouvernements – notamment au Tchad, pays qui a lancé avec la Banque mondiale un programme de réinvestissement de la rente pétrolière dans l’économie productive. Les énergies de substitution pourraient certes apporter une solution au siècle prochain, mais la tâche la plus urgente est sans doute, pour les peuples africains, de se réapproprier ce qui leur appartient.

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