N’djamena à l’ère du soupçon

Publié le 25 décembre 2005 Lecture : 1 minute.

Dès l’aéroport, le visiteur est écrasé par la chaleur. Mais N’Djamena, en cette fin décembre, c’est surtout le poids d’une rumeur de coup d’État, depuis la défection de certains proches du président Déby. « La situation est complexe, confie Saïd, douanier à la retraite. Quand ça sent la poudre y compris du côté de ceux qui sont censés vous défendre, il devient difficile de savoir où donner de la tête. Tout le monde suspecte tout le monde. Que faire ? » S’armer de prudence. Celle-ci est à tous les coins de rue. Au sein de l’administration, où l’atmosphère est lourde, les regards pesants, la tension à son comble. Aux frontières, objet de toutes les attentions, surtout à l’est, avec le Soudan. Le souvenir de la chute des présidents Goukouni Weddeye, en 1982, et d’Hissein Habré en 1990, dont les tombeurs étaient venus de l’est, est encore vivace.
La psychose gagne du terrain. Messes basses et visites nocturnes se multiplient. Les numéros de téléphones portables changent régulièrement. Le sentiment d’être en permanence sous surveillance est omniprésent. La méfiance également. « Il faut faire attention à ce qu’on dit, confie Hussein, qui avoue travailler dans le domaine de la sécurité. Je n’en dirai pas plus », s’excuse-t-il en s’éloignant. Notre homme n’a pas tort. « On vous colle dès la descente de l’avion. On tente de savoir avec qui vous avez voyagé ou discuté à bord », s’offusque Zeïnab à son arrivée à N’Djamena. Au marché central, entre vrais et faux commerçants, on perd rapidement le goût du marchandage. Bien sûr, celui qui cherche à en profiter pour vous soutirer la moindre information est celui qui ne vous vendra rien. Quand, au bout d’un moment, il vous propose d’aller chercher l’article sur le prix duquel vous vous êtes entendus, mieux vaut poursuivre votre chemin. Il ne reviendra pas.

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