La fin de l’URSS

Publié le 25 décembre 2005 Lecture : 3 minutes.

« Je quitte mon poste avec inquiétude mais aussi avec espoir, avec la foi en vous, en votre sagesse et en votre force d’esprit. Nous sommes les héritiers d’une grande civilisation et, à présent, il dépend de tous et de chacun qu’elle renaisse pour une nouvelle vie, moderne et digne. » C’est sur cette note d’espérance non dénuée de religiosité que Mikhaïl Gorbatchev conclut, le 25 décembre 1991, son discours de démission. Et que l’Union soviétique, la deuxième superpuissance mondiale, cesse d’exister, soixante-neuf ans après sa fondation par Lénine. Depuis plusieurs heures déjà, le drapeau rouge ne flotte plus sur les tours du Kremlin.

Il est rare de percevoir immédiatement la portée historique d’un événement. Mais, à n’en pas douter, tous ceux qui, aux quatre coins de l’empire, ont, en ce jour de Noël, les yeux rivés sur leur écran de télévision la saisissent dans l’instant. Tout avait commencé six ans auparavant…
Le 11 mars 1985, Mikhaïl Gorbatchev est élu secrétaire général du Parti communiste de l’Union soviétique (PCUS). Beaucoup plus conscient que ses prédécesseurs de la gravité de la situation, il entreprend une libéralisation douce et encadrée pour tenter de sauver ce qui pouvait l’être d’un régime en perdition. La glasnost (transparence) et la perestroïka (restructuration) sont ses mots d’ordre. Mais, en s’éloignant du marxisme orthodoxe, il ouvre à son insu une brèche dans laquelle les contestations les plus radicales vont s’engouffrer.
Le 11 mars 1990, la Lituanie proclame unilatéralement son indépendance, déniant toute légitimité au pouvoir soviétique. L’Estonie et la Lettonie lui emboîtent promptement le pas. Au mois de janvier suivant, ces mêmes pays baltes se révoltent contre la conscription. L’armée russe réprime brutalement l’insurrection. L’hebdomadaire Les Nouvelles de Moscou paraît avec un bandeau noir en signe de deuil, et ce titre : « Le crime d’un régime qui ne veut pas quitter la scène. » Gorbatchev est sous le feu de la critique. Le 21 février 1991, à la télévision, son adversaire le plus redoutable, le très populaire Boris Eltsine, qui préside le Parlement de la fédération de Russie, exige carrément sa démission. Le comble est atteint le 21 décembre 1991, lorsque, au sommet d’Alma Ata (Kazakhstan), auquel Gorbatchev n’est pas invité, huit Républiques rejoignent la Communauté des États indépendants (CEI) créée une dizaine de jours auparavant à l’initiative de l’Ukraine, la Biélorussie et la Russie. Toutes font ce constat sans appel : « L’Union soviétique n’existe plus. »
Dans le même temps, les cellules du parti sont interdites dans les entreprises, le Comité central et le KGB sont dissous. Les mineurs manifestent, mais ne se contentent pas de réclamer des augmentations de salaires : ils exigent la dissolution du Parlement fédéral, symbole de l’intégrité de la nation, et, eux aussi, la démission du président.

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Sur le plan international, l’empire n’impressionne plus personne. L’armée soviétique a fait étalage de sa faiblesse en se désengageant tour à tour d’Afghanistan, d’Éthiopie et d’Angola. En 1989, le mur de Berlin tombe, la Pologne, la Hongrie, la Roumanie, la Tchécoslovaquie et la Bulgarie font leur révolution. Le monde n’est plus divisé en deux blocs, l’un d’eux ayant implosé. La guerre du Golfe achèvera de démontrer, s’il en était besoin, qu’il n’existe plus qu’une seule superpuissance : les États-Unis.
« Nous ne pouvons pas continuer à vivre ainsi », aurait, dit-on, confié Gorbatchev à Raïssa, son épouse, lors de son arrivée au pouvoir. Il ne croyait pas si bien dire…

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