La « dictature de la démocratie »

Publié le 25 décembre 2005 Lecture : 2 minutes.

Quel beau régime que la démocratie, qui assure prospérité économique et égalité. Elle est devenue un modèle et le leitmotiv d’une génération avide de libertés. Si la plupart des puissances économiques sont des démocraties, on ne peut nier l’autoritarisme de certains gouvernements africains dont les peuples croupissent dans la misère.
Cependant, la chasse à la sorcière Dictature est exagérée et tend plus à dissimuler les
failles d’une fée Démocratie parfois malade qu’à corriger les erreurs des mauvais sujets.
Qu’est-ce que la démocratie ? Le gouvernement par le peuple, pour le peuple et avec le peuple. Une manière de gouverner malmenée par la dure réalité d’un monde déchiré par les conflits. Un régime que l’on agite comme le remède miracle. Devons-nous tous nous convertir à cette nouvelle religion pour survivre ?
Selon le principe de la domination de la majorité sur la minorité, ceux qui sont les plus nombreux à avoir une opinion ont raison. Pourquoi ? En France, en 1880, une grande partie de la population pensait que les Noirs n’avaient qu’un quart de cerveau, c’était scientifiquement prouvé. Aujourd’hui, on sait que l’homme noir est l’égal de l’homme blanc, que le racisme n’a aucune raison d’être. Ce que pense la majorité n’est donc pas toujours vrai. En affirmant cela, je brise l’un des socles du système démocratique.
Par ailleurs, le choix du peuple n’est jamais vraiment son choix. Un homme plébiscité peut, par simple vice de procédure, perdre une élection présidentielle. Les députés, représentants du peuple, affichent leur individualisme. Ces défauts n’empêchent pas les Occidentaux et les intellectuels de tout bord de louer sans retenue la perfection apparente de ce gouvernement. Il en résulte une stigmatisation systématique des régimes dictatoriaux. Seulement, cette obsession de la liberté conduit à des accusations qui n’ont pas lieu d’être.
Contrairement à ce que l’on pense, les élections africaines ne sont pas toujours truquées et les pourcentages extravagants ne sont pas forcément faux. Le désenchantement des Africains en matière de politique, le peu d’épaisseur et de talent des candidats, la résignation suffisent à faire élire un président par défaut. Le trucage ne peut être nié,
mais n’est malheureusement pas la seule explication de l’extraordinaire longévité d’un dirigeant. Le peuple est parfois le cur du problème. Si les peuples dominés déplorent l’autoritarisme d’un régime, les difficultés quotidiennes priment souvent sur leur volonté de liberté. Voilà pourquoi la prétention inconsidérée des pays dits démocratiques
à vouloir convaincre est irréaliste et aveugle, cette manie de vouloir jouer au bienfaiteur les conduit à oublier de balayer devant leur porte. Les partisans de la démocratie à tout prix risquent de se laisser submerger par la réalité des peuples qu’ils prétendent aider.

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