Jamal Belahrach, la grande gueule de l’emploi

En développant l’intérim et en militant au sein de l’organisation patronale marocaine CGEM, le président de Manpower Maghreb a fait de la lutte contre le chômage son cheval de bataille.

Il a vécu 28 ans en France avant de revenir à Casablanca. © Manpower

Il a vécu 28 ans en France avant de revenir à Casablanca. © Manpower

Publié le 5 avril 2013 Lecture : 3 minutes.

Pur produit de ses longues années passées en France, Jamal Belahrach, né à Casablanca, a sérieusement commencé à s’intéresser à l’économie chérifienne en 1996. « Dans le cadre de mes activités de directeur marketing pour une société d’équipement sanitaire, j’avais effectué quelques déplacements au Maroc. Le hasard a voulu qu’on me confie la création d’une filiale marocaine de Manpower. » C’était en 1997. Depuis, celle-ci a essaimé et le royaume compte désormais neuf agences du numéro deux mondial de l’intérim. Trois ont par ailleurs ouvert en Tunisie depuis 2000. Douze agences que Jamal Belahrach chapeaute depuis 2004 en tant que président de Manpower Maghreb (il est également chargé des DOM-TOM).

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Cliquez sur l'image.« L’intérêt, c’était d’arriver dans un pays où la problématique de l’emploi était délaissée. » Attaché au Maroc par sa double culture, il veut relever le défi. Ses expériences politiques et associatives ont fait de lui un « manageur militant », comme il aime à se qualifier. Son seul credo : apporter des réponses en matière d’emploi dans une région qui affiche des taux de chômage records. Donneur de leçons pour certains, il agace et s’en amuse. « Travailler pour l’intérêt général, c’est suspect », ironise-t-il. Pragmatique, il envisage l’intérim comme un outil de management.

Seize ans après l’ouverture de la première agence, les chiffres d’affaires sont là : 37,4 millions d’euros au Maroc. En Tunisie, il a augmenté d’environ 10 % par an jusqu’aux événements du Printemps arabe. Depuis, il plafonne à 12 millions d’euros. Le CA de Manpower Maghreb est constitué à 80 % par l’intérim, que complètent les activités de recrutement et d’externalisation, lancées en 2007 au Maroc et en 2010 en Tunisie, qui connaissent une progression d’environ 35 % par an. « Nous avons réussi à équilibrer nos résultats en nous diversifiant. »

À 50 ans, Jamal Belahrach ne manque pas de projets : « Nous pensons ouvrir un bureau à Alger au cours du dernier trimestre 2013 ou début 2014 au plus tard. C’est un marché d’avenir et c’est aujourd’hui qu’il faut s’y positionner. » Quant à d’éventuelles implantations en Afrique subsaharienne francophone, « il y a une demande de la part de grands comptes internationaux, énergie et construction en tête. Aucune décision n’a été prise, mais seront envisagés en priorité les pays stables politiquement, comme le Gabon ou le Sénégal ».

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Révolution culturelle

Basé à Casablanca, Jamal Belahrach se partage entre ses filiales et son engagement au sein de la Confédération générale des entreprises du Maroc (CGEM), qu’il a rejointe en 2003, d’abord comme vice-président, puis comme président de la commission Emploi et Relations sociales. Ce père de trois enfants se félicite du pacte social noué avec les syndicats en décembre 2012. « Sachant que l’entreprise est le seul outil permettant de créer de la richesse, il faut construire notre propre modèle social : rester ouverts sur le monde, adapter et définir notre feuille de route. » Pragmatique, il a soumis au ministère de l’Emploi des mesures d’urgence pour remédier au chômage structurel des jeunes, qui avoisine les 27 % au Maghreb ! Parmi celles-ci : une mise à niveau bureautique, linguistique et en développement personnel, assortie de six mois de stage obligatoire en entreprise pour tous les diplômés. Autre piste : la création d’un observatoire emploi et employabilité. Confiant, il dit sentir que les choses évoluent. « Aujourd’hui, l’urgence est telle que si le gouvernement ne bouge pas, il aura une responsabilité devant l’Histoire. »

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