Hu Jintao

Publié le 25 décembre 2005 Lecture : 2 minutes.

Lors du Forum Asie-Pacifique (Apec) du 15 novembre, Hu Jintao a rencontré Lin Xinyi, le représentant de Taiwan. « Non seulement il n’a pas refusé de me serrer la main, mais il m’a présenté sa femme », commente ce dernier, qui juge le président chinois « très sympathique ». Pourtant, quand il a suggéré une rencontre officielle, il s’est heurté à un mur. C’est le style Hu Jintao : dur le plus souvent, accommodant quand tel est son intérêt.
Deux ans après son arrivée au pouvoir, le numéro un chinois reste une énigme. Est-il un « bon » ou un « méchant » ? Né en 1942 dans une famille modeste dépourvue de tout lien avec l’appareil du Parti communiste chinois (PCC), il a mis au point une stratégie difficilement compréhensible pour un Occidental : la « démocratie socialiste à la chinoise ». La manière dont il gère le délicat dossier de Taiwan est révélatrice. La poussée des indépendantistes taiwanais emmenés par le président Chen Shuibian risquant de déboucher sur une confrontation avec les États-Unis dont personne ne veut vraiment, Hu souffle le chaud et le froid : après avoir fait adopter une loi « antisécession », il a invité à Pékin les opposants taiwanais afin de sceller une « réconciliation historique », tout en appelant les Américains à collaborer au maintien de la paix dans le détroit de Taiwan. Résultat : lors de la récente visite à Pékin de George W. Bush, le dossier n’a même pas été évoqué.
Hu sait bien que les énormes besoins en énergie de son pays, s’ajoutant aux prix imbattables des produits chinois, font peur à beaucoup. Il adopte donc un profil bas, plaide pour un « développement pacifique » et jure que la Chine n’a jamais eu la moindre ambition hégémonique. Du coup, son pays bénéficie en Europe, en Afrique et en Amérique latine d’une bien meilleure image que les États-Unis.
À l’intérieur, en revanche, la situation est plus délicate. Outre les problèmes découlant de la croissance vertigineuse de l’économie (pollution, manque de matières premières, etc.), Hu fait face comme il peut à ces deux calamités que sont la corruption et les inégalités sociales. Ses appels à un « rééquilibrage des revenus » et à une « purification du parti » se heurtent à la résistance acharnée des bureaucrates, prêts à tout pour conserver leurs privilèges, et à celle des intellectuels. Mais la population, dans sa majorité, le soutient.
Le numéro un chinois a récemment fait publier un « livre blanc » sur la démocratisation que les observateurs occidentaux n’ont guère pris au sérieux. Ils ont tort : il a bel et bien entrepris de démocratiser le PCC, seul moyen à ses yeux de satisfaire les aspirations de la nouvelle classe moyenne sans nuire à la stabilité du pays. On pourrait donc assister au cours des prochaines années à ce spectacle inouï : des élections réellement démocratiques à tous les échelons du PCC.
Hu Jintao peut-il réussir ? Il est trop tôt pour le dire. Seule certitude : il n’a rien d’un Mikhaïl Gorbatchev. On sait que celui-ci, armé des meilleures intentions démocratiques, n’empêcha pas la désintégration de l’URSS…

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