Bachar al-Assad

Publié le 25 décembre 2005 Lecture : 2 minutes.

Jamais la suprématie qu’exercent sur la Syrie, depuis 1967, les Alaouites, cette minorité chiite (10 % de la population) concentrée dans le nord-ouest du pays, n’aura été à ce point menacée. L’année 2005 aura été celle de tous les dangers. Et 2006 ne s’annonce guère plus clémente. Depuis l’assassinat, le 14 février 2005, de Rafic Hariri, l’ancien Premier ministre libanais, Bachar al-Assad, 41 ans dont près de six au pouvoir, est dans l’il du cyclone. Il a d’abord été contraint de retirer ses troupes du Liban, en application de la résolution 1559 du Conseil de sécurité des Nations unies. Mais sans réussir à faire baisser la pression sur son régime, plus que jamais accusé d’avoir commandité l’assassinat de plusieurs personnalités libanaises, de prêter main-forte à l’insurrection irakienne, de fournir une base arrière aux dirigeants de factions palestiniennes radicales et d’entretenir d’étroites relations avec les mollahs de Téhéran.
Avant de quitter ses fonctions, le 31 décembre, l’Allemand Detlev Mehlis, qui présidait la commission d’enquête sur l’assassinat d’Hariri, s’est déclaré « intimement convaincu » de la culpabilité syrienne. Mais les deux rapports qu’il a remis à Kofi Annan ne comportent pas l’ombre d’une preuve.
L’ancien ophtalmologiste devenu chef d’État par la volonté d’Hafez al-Assad, son père, a les nerfs plus solides qu’on ne le croyait. Dans la tempête, il ne cède pas à la panique. Pourtant, à bien des égards, la Syrie ressemble à l’Irak de Saddam Hussein : un parti Baas omnipotent, une très grande diversité ethnique et religieuse (chiites, Kurdes, sunnites, etc.), un pouvoir corrompu dirigé par une minorité…
Paradoxalement, la proximité de l’État hébreu constitue peut-être le meilleur atout du régime syrien. Américains et Israéliens ont parfaitement compris que son renversement serait loin de ne présenter que des avantages, en raison de l’absence d’alternative crédible, des risques d’infiltration de combattants islamistes et du soutien promis par l’Iran en cas d’invasion étrangère. Une intervention militaire « à l’irakienne » paraît donc improbable. Quant aux sanctions économiques et diplomatiques, la Syrie pourrait sans doute y survivre, grâce à son pétrole (400 000 barils/jour), même si elle mène une lutte acharnée au Conseil de sécurité pour les éviter.
Bref, si 2006 ne sera sûrement pas une année de tout repos pour Bachar al-Assad, elle ne devrait pas, sauf imprévu, lui être fatale.

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