Abdoulaye Wade Idrissa Seck

Publié le 25 décembre 2005 Lecture : 2 minutes.

La crise ouverte entre le président sénégalais Abdoulaye Wade et Idrissa Seck, son ancien Premier ministre, connaîtra-t-elle une issue politico-judiciaire en 2006 ? Numéro deux du Parti démocratique sénégalais (PDS), directeur de cabinet du chef de l’État de mars 2000 à novembre 2002, puis chef du gouvernement jusqu’en avril 2004, Seck est tombé en disgrâce
après son limogeage. Le 15 juillet dernier, il a été incarcéré à la prison centrale de Rebeuss, à Dakar. Chefs d’inculpation retenus : malversations dans la conduite des « chantiers de Thiès » (des travaux de rénovation dans la ville dont il est maire) et, surtout, atteinte à la sûreté de l’État et à la défense nationale.
Plusieurs de ses collaborateurs ont également été mis en cause. Après des mois d’instruction, de perquisitions, d’interrogatoires, de gardes à vue et d’incarcérations,
tous ont été libérés. Seul Seck reste en détention préventive. Des voix s’élèvent au sein des organisations de défense des droits de l’homme (FIDH, Amnesty International), de l’opposition et des chefferies religieuses pour demander l’ouverture de son procès. Seront-elles entendues ?
L’affaire est plus qu’embarrassante pour l’équipe au pouvoir, aujourd’hui en proie à des dissensions : défections, règlements de comptes et coups tordus se multiplient en son sein. Le 22 juillet, Seck a été à l’origine de la diffusion dans des radios privées dakaroises d’un CD mettant en cause le chef de l’État et des membres de sa famille dans divers scandales. Il a promis de faire de son procès un moment de vérité et de révéler les
vraies raisons de son incarcération.
Mais la bataille est avant tout politique. Afin de reprendre en main son parti, dont Seck a été exclu après son arrestation, Wade a évincé des instances dirigeantes, ainsi d’ailleurs que de l’appareil d’État, tous les proches, réels ou supposés, de l’ancien Premier ministre. Le dernier en date est le parlementaire Oumar Sarr, qui est en passe de perdre la présidence du conseil régional de Diourbel poste auquel il a pourtant été démocratiquement élu. Et si Seck n’a pas été chassé de la mairie de Thiès, il ne le doit qu’à la mobilisation de ses administrés. Ce n’est d’ailleurs peut-être que partie remise… Faute de pouvoir le maintenir en détention provisoire jusqu’aux prochaines
échéances électorales, l’un des objectifs inavoués des poursuites engagées contre lui pourrait être de le rendre inéligible. Ses partisans l’ont fort bien compris, qui se sont empressés d’en faire leur tête de liste pour les législatives et leur candidat à la présidentielle.
Peut-être pour se donner le temps de refaire l’unité du PDS, Wade a repoussé les législatives de juin 2006 à février 2007 de manière à les faire coïncider avec le scrutin présidentiel. Sera-ce suffisant ? On verra bien. Mais le divorce entre Wade et son ex-homme de confiance paraît bel et bien irréversible.

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