Small is beautiful

Publié le 25 novembre 2007 Lecture : 2 minutes.

Longtemps, vu d’ailleurs et surtout de France, ce point sur la carte au confluent de la mer Rouge et du détroit d’Oman se résuma à une série de timbres-poste très prisés des philatélistes, dont les noms rappelaient aux lecteurs de romans de voyage les aventures indolentes et enfiévrées d’Henry de Monfreid : Côte des Somalis, Territoire des Afars et des Issas Puis vint, il y a trente ans, l’indépendance, sans que change finalement la nature du regard colonial posé sur Djibouti. Le comptoir de jadis se transforma, dans la perception qu’en avait Paris, en une sorte d’État garnison et de bac à sable de l’armée française, dont l’indépendance, justement, n’était qu’une affaire de changement de drapeau et de timbres. Trois décennies plus tard, cette myopie typiquement française s’est-elle corrigée ? Rien n’est moins sûr. À en juger par certains épisodes politico-judiciaires récents, il semble même que la république de Djibouti soit le dernier confetti d’empire défunt où la France se croit toujours fondée à exercer une ingérence aussi directe qu’obsolète.
Mauvaise pioche, à coup sûr, pour les intérêts français. Car, à trop considérer son ex-colonie comme un enfant mineur, Paris ne s’est pas aperçu qu’elle avait grandi et que pour échapper à sa tutelle toute une génération de cadres et de dirigeants djiboutiens parvenus aux affaires après 1977 recherchait ailleurs les moyens d’une véritable indépendance. Ailleurs, c’est-à-dire en direction du monde arabe, du Golfe, de l’Asie et hors de la sphère francophone. Pour le président Ismaïl Omar Guelleh, qui incarne depuis huit ans cette volonté de modernisation endogène jointe à une exigence de transformation des mentalités, « small is beautiful », à l’instar de ces micropays qui surent faire de leur taille un atout décisif et une success story : Dubaï, Singapour, Maurice Certes, Djibouti n’en est pas là et rien ne prouve encore que cette République de 850 000 habitants parviendra à coup sûr à prendre le raccourci menant à la prospérité. Mais au moins le panneau qui indique la bonne voie à suivre a-t-il été solidement planté – ce qui est loin d’être le cas partout ailleurs en Afrique – par un chef d’État conscient de ses responsabilités. Au fait : s’est-on rendu compte, à Paris, que l’expression « small is beautiful » n’avait pas d’équivalent en français ?

La Matinale.

Chaque matin, recevez les 10 informations clés de l’actualité africaine.

Image

Contenus partenaires