Vos lettres et emails sélectionnés

Publié le 25 septembre 2005 Lecture : 4 minutes.

Ni djihad ni croisade
Dans l’un de vos articles concernant Cherie Blair, épouse du Premier ministre britannique, vous évoquez sa « croisade » antisida (voir J.A.I. n° 2324). Permettez-moi
d’exprimer mon émoi pour l’utilisation malheureuse que vous faites de ce mot, comme s’il était synonyme de « lutte » ou de « juste et noble combat ».
Dois-je rappeler que les Croisades du Moyen Âge étaient ce que sont les djihads aujourd’hui, à savoir des crimes commis au nom d’une pseudo-foi, par des fanatiques assoiffés de sang et que, par conséquent, le mot ne peut plus être utilisé de façon positive, ni être banalisé, par respect pour l’Histoire. De grâce : ni djihad, ni croisade, pas plus que de « génocide » du sida. Parlez-nous plutôt de campagnes, de programmes, voire de lutte. Arrêtons avec la surenchère des mots, inversement proportionnelle à l’action.

Si j’étais président…
Si j’étais président de l’un des pays les plus pauvres du monde :
– Je n’aurais pas besoin de l’aval des pays occidentaux pour annuler la dette de mon pays. Aux bailleurs de fonds qui me réclameraient de l’argent, je répondrais : le peuple ne vous doit rien.
– Je retournerais à l’envoyeur tout présent – comme le plan Marshall pour l’Afrique – ayant pour objectif d’aliéner mes choix politiques et économiques à la volonté des puissants.
– Je vaincrais le sida et la délinquance en réintroduisant dans le coeur de chacun l’amour des traditions ancestrales.
– Je défierais la crise économique avec de nouvelles armes : réduction du commerce extérieur et intensification de la production du peuple noir pour le peuple noir.
– Je garantirais la sécurité à chaque frère, mère, soeur, père, quitte à aller moi-même combattre, quitte à être le plus cruel des hommes.
– Je redessinerais l’ensemble des territoires nationaux de façon à faire disparaître à jamais les constructions de l’administration coloniale, pour que renaissent les différents peuples avec le droit à l’autodétermination.

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L’islam est tolérant
Je voudrais réagir à la diabolisation dont est victime l’islam ces derniers temps. L’Occident assimile désormais cette religion à l’obscurantisme, l’intolérance, la négation des droits de l’homme, bref, à un système désuet et anachronique. L’anathème est
savamment distillé, si bien que nombre de musulmans font désormais profil bas. Ils ne doivent pas avoir honte, mais plutôt être fiers de leur religion. Elle est universelle, et son enseignement concorde avec celui de la science. Elle est tolérante, et le Coran le
dit : « Pas de contrainte en religion, la voie droite se distingue de l’erreur ».
Par ailleurs, toute idéologie, comme toute religion, a son extrémisme et ce n’est nullement l’apanage de l’islam. Il existe partout des franges d’irréductibles qui optent pour la violence. Ne se nourrissent-ils pas du mépris, de la suffisance et de l’intolérance qu’affiche l’Occident ?

On ne choisit pas sa sexualité
Bravo pour vos articles sur les problèmes homosexuels (voir J.A.I. n° 2330), que je découvre par le biais d’une messagerie gay ! Je me permets toutefois de vous signaler que, contrairement à ce que vous semblez penser, on ne choisit pas sa sexualité. Au
mieux, on choisit de l’assumer ou non, mais elle est comme la couleur de vos yeux ou de vos cheveux, quoiqu’elle ne provienne pas d’un facteur génétique.
Les homophobes pensent que les gays choisissent leur orientation sexuelle par goût effréné du plaisir ou refus des responsabilités liées à la procréation. Mais quand on voit le sort réservé aux homosexuels dans certains pays, ou même dans certains milieux sociaux ou dans certaines régions de France, quand la souffrance de certains d’entre eux leur fait souhaiter être hétérosexuels, on se demande où sont le plaisir et le choix.

Pour l’avenir du Liberia
George Weah n’a peut-être pas une grande expérience politique, mais il se place déjà au-dessus des partis. Ses mains ne sont pas tachées de sang, il n’a jamais fait la guerre civile et peut donc se concilier tous les Libériens. Il sait aussi ce que signifie le mot
« pauvreté », ce qui est loin d’être insignifiant en Afrique. Sa fortune d’aujourd’hui
est susceptible de le tenir loin de la corruption, c’est une chance. George Weah sait que dans le sport chacun est l’égal de chacun, sans préjudice de race, d’âge, de richesse,
etc. Et que l’objectif final est de gagner. Mais en politique, c’est là où commence
vraiment le travail.

Ondes libérées en Guinée
Un décret présidentiel riche de dix-sept articles vient d’autoriser la création de radios et de télévisions privées en Guinée, dernier pays de la sous-région à obtenir ce droit à
la liberté d’expression. Nous pouvons supposer que le pouvoir s’est muni d’instruments de contrôle, mais, en attendant de franchir le dernier obstacle avant la libéralisation effective des ondes, concrétisé par la « lourde bureaucratie » du ministère de l’Information, le pays a franchi une étape dans son processus de démocratisation. Espérons que cette libéralisation n’est pas un leurre et que tous les Guinéens pourront s’exprimer, y compris sur les sujets tabous, sans craindre la répression.

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Adieu Simon Wiesenthal
Noir vivant en Allemagne, je n’ai jamais connu la déportation, ni les camps de concentration, contrairement à mes frères et surs d’Afrique, ainsi que d’autres peuples
de par le monde. C’est pourquoi je salue ici la mémoire de ce grand homme qu’était Simon
Wiesenthal. Son action était de traquer les fugitifs nazis ainsi que leurs complices,
afin qu’ils répondent de leurs crimes devant l’Histoire. Il menait un combat noble à travers lequel tous les opprimés doivent se retrouver.

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