Rentrée sociale mouvementée

Publié le 25 septembre 2005 Lecture : 2 minutes.

Les festivités marquant le 45e anniversaire de l’indépendance, le 21 septembre, ont failli être gâchées par le mouvement de grève lancé par l’Union nationale des travailleurs maliens (UNTM). Motivé par une sérieuse dégradation du pouvoir d’achat, le débrayage a totalement paralysé Bamako, le 19 septembre. Le lendemain, Choguel Maïga, ministre de l’Industrie et du Commerce, a quelque peu détendu l’atmosphère en annonçant une série de mesures limitant le prix du riz ordinaire à 280-285 F CFA le kilo et celui du riz de qualité supérieure à 300 F CFA. Autre bonne nouvelle pour les grévistes, le ministre de la Fonction publique, Badi Ould Ganfoud, qui refusait toute revalorisation du traitement des fonctionnaires, a appelé à la reprise des négociations le 27 septembre.

Le mouvement de grève, contrairement à la marche des étudiants du 30 novembre 2004 et aux émeutes du 27 mars dernier suite à la défaite du Mali contre le Togo lors d’un match de qualification couplée CAN-Mondial 2006, n’a été accompagné d’aucun acte de violence. Sur les quatorze points de doléance soumis au gouvernement par le syndicat, quatre faisaient l’objet d’un désaccord : la fusion du ministère de l’Emploi avec celui de la Sécurité sociale, la hausse des prix des denrées de base, la revalorisation de l’indice de traitement des fonctionnaires de 292 à 400 points et la hausse des prix des céréales. Mais c’est la flambée des cours du riz qui a été déterminante. Depuis mars, celui-ci est passé de 200 à 330 F CFA le kilo, un niveau comparable à celui atteint lors de la crise de 2002. Ces deux derniers mois, la hausse s’était accélérée atteignant jusqu’à 10 F CFA par jour chez les détaillants. Quant au riz gambiaka, très apprécié des Maliens, la pénurie est telle que même à 500 F CFA il est difficile de s’en procurer. À titre d’illustration de la dégradation du pouvoir d’achat, un fonctionnaire de catégorie A, d’un niveau d’études équivalent à bac+4, gagne mensuellement 45 000 F CFA, soit l’équivalent du prix d’un sac de riz de 100 kg. Cette hausse des prix résulte d’un déficit céréalier de 300 000 tonnes dû à une pluviosité capricieuse et à une augmentation sensible des coûts de transport des produits importés, conséquence de la crise ivoirienne mais aussi de la flambée du baril.
Autre enjeu majeur : la baisse des cours du coton. Les 3,3 millions de Maliens travaillant dans la filière devront se contenter d’un prix d’achat de 160 F CFA le kilo de coton-graine pour la récolte 2005-2006, contre 210 F CFA en 2004-2005, soit une perte de revenus de 24 %.

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Si la grève du 19 septembre a secoué le palais de Koulouba, la situation sociale ne constitue pas pour autant une menace pour le président Amadou Toumani Touré, dont la réélection en 2007 semble être une certitude pour la quasi-totalité de la classe politique, les « Maliens d’en bas » ne lui imputant pas encore la responsabilité de la dégradation de leur pouvoir d’achat.

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