Insupportable
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L’invasion et l’occupation de l’Irak (et, avant lui, de l’Afghanistan) auront coûté jusqu’ici aux États-Unis quelque 2 000 soldats tués et 20 000 blessés. Même si ce sont des volontaires, c’est-à-dire des Américains qui ont choisi le métier des armes, cela commence à compter et à peser.
Les compatriotes de George W. Bush sont de plus en plus nombreux à se poser et à poser la question : notre président a-t-il eu raison de nous engager dans cette affaire ? L’objectif en vaut-il la peine ?
Selon les derniers sondages (voir page 20), la majorité d’entre eux répond à ces deux questions par la négative.
Mais, dans un pays démocratique, un gouvernement peut poursuivre pendant un certain temps une politique impopulaire : c’est ce que fait le Premier ministre britannique Tony Blair dont la majorité des concitoyens désapprouve la participation du Royaume-Uni à l’aventure irakienne, décidée et entreprise par lui et George W. Bush, sans la caution des Nations unies.
Cette désapprobation, formulée sous diverses formes depuis près de deux ans, n’a pas empêché Blair de persévérer et… de gagner les élections.
Les meilleurs connaisseurs de l’Amérique affirment que le président Bush ne dispose plus que d’un délai de grâce de douze mois environ : si en octobre (ou au plus tard en décembre) 2006, il n’a pas atteint les objectifs affichés de sa politique irakienne, son opinion publique le lâchera et il sera obligé de rapatrier l’essentiel de ses troupes, de ses services de renseignements et des milliers de fonctionnaires qui contrôlent l’Irak.
Dans quel état ce malheureux pays sera-t-il dans un an ? Si son gouvernement et son économie ne fonctionnent pas sensiblement mieux qu’aujourd’hui, si l’insurrection n’a pas été réduite, le départ des Américains, même s’il n’est pas brutal et total, signera l’échec – coûteux – d’une entreprise mal inspirée et maladroitement exécutée.
Je pense pour ma part que les Américains, qui savent compter, sont d’ores et déjà à la recherche d’une porte de sortie, car si les pertes humaines qu’ils subissent en Irak sont encore supportables, le coût financier, lui, ne l’est déjà plus. Lisez en page 26 le calcul (inédit en langue française) de la charge financière qu’occasionne l’aventure irakienne aux États-Unis et vous conclurez vous aussi que les Américains ne devraient pas tarder à arrêter les frais.
George W. Bush lui-même finira par admettre que son pays, aussi riche et puissant soit-il, ne peut pas se payer le luxe d’une guerre longue et qui, tous comptes faits, coûte entre 5 et 10 milliards de dollars par mois.
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