Vos lettres ou courriels sélectionnés
Somaliland, une anthologie
– François Soudan vient de confirmer magistralement qu’il mérite l’appellation de « journaliste-écrivain » que B.B.Y. lui a donnée au début des années 1990. Son grand reportage « Somaliland. Africains, si vous saviez » (J.A. n° 2367) est un véritable morceau d’anthologie. À ceux qui l’ignoraient, François Soudan vient de « fendre les yeux » sur la plus grosse incongruité juridique et politique des temps modernes. Personne ne pourra plus dire « je ne savais pas ». Que l’Afrique – et le monde – se taisent sur le cas Somaliland confine au crime juridique et politique. Vous l’avez dit, et même martelé. Brillamment, comme d’habitude. Merci d’avoir eu le courage de le faire.
Jean-Baptiste Monkotan, France
Homosexuels camerounais : un espoir
– Je connais votre ouverture de vue sur la question des homosexuels en Afrique, et je vous avais déjà écrit pour vous en féliciter. Vous avez publié la plupart de mes messages, et je vous en remercie. À ce sujet, j’ai rencontré récemment l’avocate qui défend inlassablement neuf jeunes hommes emprisonnés, pour homosexualité, depuis un an dans des conditions désastreuses, sans soins même pour l’un d’entre eux, gravement malade. D’autres ont été condamnés cette année, dénoncés dans la presse, traqués, happés par la tornade d’hystérie homophobe qui s’est abattue sur le Cameroun. Leur avocate se bat seule ou presque contre un système judiciaire qui se base sur des fondements légaux douteux pour prononcer des peines de prison contre quiconque contreviendrait à la morale hétérosexuelle. Une consolation cependant : le procureur de Yaoundé a annoncé la libération imminente des neuf jeunes hommes. Une annonce dont on suivra avec attention les effets. Le jour même de cette annonce, le plus jeune d’entre eux a été violemment battu par des détenus jaloux de sa libération prochaine. Il a sombré dans le coma.
Sébastien Reinier, Paris, France
Pour l’amour des femmes
– Le « Ce que je crois » de Béchir Ben Yahmed intitulé « Le grand tournant » (J.A. n° 2368) m’a donné envie de dire ce que je pense, moi, de l’« émancipation des femmes ».
Celui qui estime qu’une femme occupant le poste de chef de l’État est plus importante qu’une mère se trompe gravement selon moi. Peu importe la place où elle se trouve, peu importe la période de sa vie, la femme c’est la femme, c’est-à-dire la moitié de l’homme, et sans une femme, un homme ne vaut rien. Si je refuse que ma mère, ma sur, ma femme ou ma fille soit chauffeur de taxi, maçon ou policier, ce n’est pas par haine, mais plutôt par amour et par crainte qu’elles n’encourent un risque quelconque.
Haytham Haggui, Le Bardo, Tunisie
Dénigrer les riches la main tendue
– En réponse à la lettre de M. Abdoulaye Tanimoune, publiée dans le courrier des lecteurs de J.A. n° 2369, je voudrais dire à ce lecteur nigérien qui critique « le sexe et le matérialisme » en Occident qu’il ferait bien de balayer devant sa porte. En ce qui concerne le sexe, ce sont les Nigériens qui ont quatre femmes, avec lesquelles ils ne se contentent pas de jouer aux dés seulement, vu que ces dames ont en moyenne huit enfants chacune Excusez du peu, mais ce sont eux les obsédés sexuels. Pour ce qui est du matérialisme, ce monsieur continue-t-il à vivre dans une case sans électricité ? Je connais le Niger et je constate que lorsque les gens (tant mieux pour eux) gagnent bien leur vie, ils font comme tout le monde : ils améliorent leurs conditions de vie. Ce qui fait d’ailleurs marcher le commerce – qui, à son tour, génère de la richesse. Le pays n’a alors plus besoin de tendre la main aux pays riches que ce monsieur dénigre.
Philippe Giraud, Les Gonds, France
Yammoussoukro : triple catastrophe
– Edifier une nouvelle capitale (voir le dossier Yamoussoukro, J.A. n° 2369) pour la Côte d’Ivoire, un pays en crise, pauvre et surendetté, c’est être on ne peut plus mégalomane et inconscient des réalités du pays. Ce projet pharaonique va coûter trop cher. Qui paiera la note, d’autant plus que la période faste de l’or vert du cacao est révolue ? Le pays va s’endetter davantage et ce sont les générations futures qui en pâtiront. Avec ce projet, les Ivoiriens devront se serrer la ceinture parce que les milliards de francs CFA engloutis se feront au détriment de projets sociaux. Je pense que le projet de Yamassoukro sera accompagné d’une triple catastrophe : financière, sociale et écologique !
Alia Jrad, Sakiet Sidi Youssef
Migrations à relativiser
– Comme toujours, j’ai lu avec un vif intérêt la rubrique « Ce que je crois » de B.B.Y. dans le n° 2371 de Jeune Afrique. Votre point de vue sur les « flux migratoires… » est fortement exprimé et je le partagerais volontiers s’il n’était, à mon avis, incomplet. Quelle était la situation des pays d’accueil des grandes migrations du passé ? Bien souvent, l’arrivée des immigrés a correspondu à un appel de main-d’oeuvre et a permis l’avancée de l’économie locale. C’était certainement le cas des Irlandais et autres Européens débarquant aux Etats-Unis au XIXe siècle et au début du XXe siècle. DE plus, les migrants ne pouvaient se prévaloir d’aucune aide sociale à leur arrivée. Leur coût était faible pour le pays d’accueil. On ne peut en dire autant au début du XXIe siècle, en Europe occidentale. En tout cas, ces observations ne visent pas à excuser des politiques, mais à relativiser des analyses et des problèmes.
Hervé Pinet, Paris, France
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