Un rôle à jouer

Publié le 25 juin 2006 Lecture : 2 minutes.

Un pays dont la superficie excède à peine 23 000 km2 pour une population de 800 000 âmes a une obsession : celle d’exister. Et, assurément, les Djiboutiens y sont parvenus, se montrant même particulièrement actifs sur la scène diplomatique. Ismaïl Omar Guelleh, chef de l’État depuis 1999, est de tous les sommets, forums et conférences. De l’Autorité intergouvernementale pour le développement (Igad, regroupant six pays de l’Afrique de l’Est) au cénacle de l’ONU, le président djiboutien intervient dans la gestion des affaires de la région ou celles de la planète. Mais cet interventionnisme n’est pas nouveau. Dès l’époque précoloniale, la population de ce pays a su tirer profit de sa situation géographique. Comptoir commercial, ce bout de désert, est devenu un site stratégique avec l’ouverture du canal de Suez, sur la mer Rouge. Les énergies fossiles ont fait le reste. Point de passage de près du tiers de la consommation mondiale de pétrole, le détroit du Bab el-Mandeb a donné à Djibouti une importance stratégique réelle. À l’indépendance du pays, en 1977, la France y a maintenu une présence militaire. Depuis, les attaques terroristes du 11 septembre 2001 et le déclenchement d’une guerre mondiale contre le terrorisme ont conforté la position géopolitique de Djibouti.

L’ancien Territoire des Afars et des Issas est courtisé par les capitales occidentales. Pays-Bas, Allemagne, Espagne ont signé des accords de coopération militaire. Dans leur sillage, les États-Unis ont également pris pied à Djibouti. Le camp Lemonnier héberge désormais le quartier général de la Combined Joint Task Force (CJTF) dans la Corne de l’Afrique, placée sous commandement américain. Les objectifs de la CJTF ? Surveillance et intervention dans les espaces aérien, maritime et terrestre de six pays africains (Érythrée, Éthiopie, Djibouti, Kenya, Somalie et Soudan), ainsi qu’un pays du Proche-Orient, le Yémen.
L’intérêt que suscite Djibouti et sa stabilité politique consolident sa position dans une sous-région tourmentée avec une Somalie en guerre civile depuis quinze ans, un conflit territorial larvé entre l’Éthiopie et l’Érythrée, et un Soudan de plus en plus menacé par le séparatisme. Djibouti a participé à toutes les initiatives concernant le règlement de ces trois dossiers. Ainsi, elle a parrainé les accords d’Arta qui, en 2000, ont conduit la Somalie à se doter d’une modeste représentation sur la scène internationale. Et elle n’a pas ménagé ses efforts pour convaincre Éthiopiens et Érythréens de respecter le cessez-le-feu.
Bref, Djibouti est présent dans toutes les enceintes où elle a des intérêts à défendre. Et cette présence n’est pas sans effets. Carrefour historique dans les relations entre l’Afrique orientale, le Moyen-Orient et le reste de l’Asie, Djibouti a tout fait pour rester à l’abri des conflits qui minent la sous-région. Ce qui lui permet aujourd’hui de jouer un rôle dans ces crises et d’espérer pouvoir contribuer à leur résolution.

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