VIe République

Publié le 25 mars 2007 Lecture : 2 minutes.

La revoilà la VIe République qui ressurgit épisodiquement dans les campagnes pour en relancer l’intérêt. Il est significatif que l’idée soit simultanément reprise par les deux candidats, François Bayrou et Ségolène Royal, qui suscitent le plus d’interrogations sur leurs résultats du premier tour. On doute cependant qu’elle passionne l’opinion. Les Français, si souvent mécontents, sont dans l’ensemble satisfaits de leurs institutions. Le phénoménal intérêt porté à l’élection prouve qu’ils tiennent plus que jamais à choisir eux-mêmes leur président. Ils ne se laisseront pas déposséder de ce pouvoir qui donne une fois tous les cinq ans une valeur inégalable à ce morceau de papier qu’on appelle un bulletin de vote. Ayant élu le chef de l’État, ils admettent avec logique et bon sens que ce soit lui qui gouverne le pays.
Cela posé, les controverses constitutionnelles leur passent au-dessus de la tête. Il y a fort à parier en revanche qu’ils approuveraient la modernisation du rôle comme de l’image des présidents de la République. Le besoin s’en fait sentir. La France est une étrange démocratie où règne ce qu’il faut bien appeler le culte de la personnalité. Pas un ministre qui n’annonce une mesure sans en partager le mérite avec le Premier ministre. Pas un Premier ministre qui n’ouvre la bouche sans se recommander révérencieusement du président. « Conformément à ?la volonté du chef de l’État » est la platitude courtisane qui revient le plus souvent dans les discours.
Alain Peyrefitte avait décrit la Ve République d’une formule qui rend bien compte de sa vraie nature : « Une monarchie semi-présidentielle avec amortisseurs parlementaires. » Le monarque est resté tout-puissant, cumulant le maximum d’avantages et de prérogatives avec le minimum de responsabilité. Duplication à l’identique du gouvernement, son cabinet de « conseillers » tient à l’il, quand ce n’est pas sous sa férule, ministres et ministères. Quant aux amortisseurs parlementaires, ils sont à plat. Plutôt que de jouer les figurants en séance, les députés préfèrent se replier sur leur circonscription. Les rares velléités de tenir tête au pouvoir tournent court sous la menace efficace d’un refus d’investiture pour les prochaines élections législatives. Raymond Barre lui-même s’en est plaint avec des accents outragés, mais il dut avec réalisme s’en accommoder.
La rénovation du régime est aujourd’hui le seul point où se rejoignent Nicolas Sarkozy et Ségolène Royal. L’un et l’autre veulent faire du Parlement un vrai contre-pouvoir, alléger les tentaculaires structures gouvernementales et surtout désacraliser la fonction présidentielle. François Bayrou, lui, veut tout changer. Que la réforme s’accompagne ou non d’un nouveau numéro de République, on est sûr au moins qu’elle ne sera pas à la merci d’une défaite électorale.

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