« Un jour, il pétera de vanité »

Publié le 25 mars 2007 Lecture : 2 minutes.

Il se juge beau, séduisant, intelligent, formidable stratège. Les élus, les journalistes, ses amis, ses adversaires en savent quelque chose : François Bayrou a parfois la tête comme une montgolfière. Il a longtemps assuré : « Je suis le nouveau Mitterrand. » Lorsqu’il obtint le secrétariat général de l’UDF, alors présidé par Valéry Giscard d’Estaing, il expliqua tranquillement devant tout le bureau politique du CDS : « Giscard a trouvé en moi quelqu’un à sa mesure. » Au moment où le Premier ministre anglais était la coqueluche de la droite, il répétait partout : « J’ai un avantage sur tous les autres : je ressemble physiquement à Tony Blair. » On l’a vu admirer longtemps sa photo dans des magazines, en soulignant : « J’ai un regard profond. » À la journaliste sportive Estelle Denis qui lui demandait, il y a quelques semaines, ce que sa femme préférait en lui, il a répondu sans sourciller « ma virilité ». Jacques Chirac, qui en a beaucoup ri, s’en est aussi très souvent agacé : « Un jour, il pétera de vanité. »
Une chose est sûre : le candidat UDF s’est toujours vu en haut de l’affiche. Son ami le député Jean Lassalle l’entendit expliquer en 1983, alors qu’ils n’étaient tous deux que conseillers généraux : « Dans trois ans, je serai député. Ensuite, je serai un ministre important. » Dans les années 1990, tous ceux qui l’ont côtoyé l’ont vu dresser ses plans : « Je me présente en 2002, je fais un score à deux chiffres en 2007, je suis élu en 2012. » À sa biographe, Violaine Gelly, il expliquait en 1996 : « Entre ce que j’étais et ce que je suis, il y a moins qu’entre ce que je suis et le sommet. » Bernard Bosson, qui fut son rival malheureux chez les centristes et le soutient aujourd’hui, assure pourtant gentiment : « Son immodestie a considérablement diminué. » []
En 2002, il se présente à la présidentielle. Depuis, il n’a jamais cessé de défier Jacques Chirac, même s’il feint de le regretter aujourd’hui. Ensuite, alors qu’il a toujours navigué dans les eaux de la droite, il paraît vouloir s’en émanciper. Le 16 mai 2006, il vote la motion de censure contre le gouvernement Villepin, sur fond d’affaire Clearstream. Depuis, il attend chaque faux pas du candidat de l’UMP. Et explique à qui veut l’entendre : « Ce type-là, s’il a tous les pouvoirs, se conduira comme Chirac : les copains que l’on case, les médias que l’on tient, l’argent public dont on use. » Sarkozy, qui ne l’a pas vu venir pour l’avoir trop méprisé, continue de répéter contre l’évidence : « Il n’y a pas d’effet Bayrou. »

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