Scénarios maghrébins pour 2030

Un colloque international à Skhirat, les 12 et 13 mars

Publié le 25 mars 2007 Lecture : 2 minutes.

A quoi ressemblera le Maroc en 2030 ? Aura-t-il été rejeté à la périphérie du monde ou sera-t-il partie intégrante de l’univers globalisé ? Son avenir passe-t-il par le Maghreb arabe ou par l’arrimage coûte que coûte à une Union européenne en perte de vitesse et dont la part dans le commerce international ne cesse de régresser au profit de l’Asie-Pacifique ? C’est pour répondre à ces questions, et à bien d’autres, que le Haut-Commissariat au Plan dirigé par Ahmed Lahlimi a organisé un colloque à Skhirat, dans la banlieue de Rabat, les 12 et 13 mars.
Montée en partenariat avec l’université Antonio de Nebrija (Madrid), la manifestation a réuni des personnalités venues de tous les horizons. De Mário Soares, l’ancien président portugais, à Felipe González, l’ancien Premier ministre espagnol, en passant par le Dr Enrique Iglesias, le secrétaire général de l’Organisation ibéro-américaine, l’amiral Jacques Lanxade, ancien ambassadeur de France en Tunisie, et Habib Ben Yahia, le secrétaire général de la fantomatique Union du Maghreb arabe (l’UMA).
Otage du conflit du Sahara, le Maghreb est en panne : l’absence d’un grand marché unifié nuit à l’attractivité de chacun de ses membres. Les complémentarités économiques restent virtuelles et les systèmes politiques divergent. « Si le Maghreb ne s’unit pas, ses pays risquent, à terme, d’être vus par les Européens non plus comme des sujets mais comme des objets stratégiques », souligne Dominique David, de l’Institut français des relations internationales (Ifri). Cela dit, l’Europe a sa part de responsabilité. Alors que 18 % des investissements directs des États-Unis prennent le chemin de l’Amérique centrale et du Sud et que près de 25 % des capitaux japonais sont investis en Asie-Pacifique, « entre 2 % et 3 % seulement des investissements européens vont au Maghreb », explique Jean-Louis Guigou, le président d’un think-tank euro-méditerranéen (l’Ipemed).
Même si l’Europe déçoit et se montre aujourd’hui en panne de projets, le Maroc n’a guère le choix : son avenir est au Nord, même si des partenariats avec l’Amérique du Sud ou l’Afrique de l’Ouest, par exemple, sont naturellement souhaitables. Grâce aux réformes structurelles mises en uvre et au nouveau mode de gouvernance inauguré par Mohammed VI, il a aujourd’hui une longueur d’avance sur ses voisins, même si ses handicaps (analphabétisme, inadéquation du capital humain) restent nombreux. L’appartenance à un ensemble maghrébin cohérent serait pour lui un atout supplémentaire. Vu pieux ? Pas forcément. Car, suggère Christian de Boissieu, président du Conseil (français) d’analyse économique, « rien n’empêche de contourner le politique et de multiplier les projets dans les domaines de l’éducation, des infrastructures, de la banque ou de la finance ». En d’autres termes, de faire l’UMA sans le dire.

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