Les Français passent aux aveux

Publié le 25 mars 2007 Lecture : 2 minutes.

Les résultats du sondage réalisé début novembre par l’institut CSA à la demande de la Commission nationale consultative des droits de l’homme (CNCDH) ont été présentés le 21 mars à Paris, lors de la publication du rapport 2006 de ladite Commission. Ils sont surprenants, pour ne pas dire inquiétants : 30 % des Français admettent sans sourciller être « racistes » et 7 % « plutôt racistes », alors que tout acte raciste, xénophobe ou antisémite est puni par la loi. Une majorité (58 %) soutient que « certains comportements peuvent parfois justifier des réactions racistes », 39 % estimant le contraire. Plus les sondés se déclarent racistes, plus ils ont tendance à nier la réalité des discriminations. Alors que 65 % des personnes interrogées estiment qu’en France, « tout le monde peut réussir quelle que soit sa couleur de peau », la proportion est de 82 % chez ceux qui s’estiment « plutôt racistes ».
Dans ces conditions, on imagine que les immigrés n’ont pas vraiment la cote. 71 % des sondés les soupçonnent de venir en France uniquement pour profiter d’une protection sociale et 54 % de ne pas se donner les moyens de s’intégrer. Pourtant, comprenne qui pourra, 79 % (contre 70 % en 2005) considèrent que « les travailleurs immigrés doivent être considérés comme chez eux puisqu’ils contribuent à l’économie française » et 64 % (45 % en 2005) que « la présence d’immigrés est nécessaire pour assurer certaines professions ».
Ce sondage est cependant loin de faire l’unanimité. Deux chercheurs, Alain Morice et Véronique de Ruddler, lui reprochent par exemple d’abonder en « insinuations stigmatisantes » et de « piéger les personnes interrogées dans une problématique empreinte de racisme ». Ils évoquent notamment une question relative à l’existence de « races supérieures ». On pourrait leur répondre que chacun est libre de répondre par la négative, mais le vrai problème est peut-être que la formulation des questions laisse à penser qu’elles ont été posées à une population exclusivement blanche, catholique et d’origine française – donc, pas représentative du pays.
L’autre versant du rapport apporte des chiffres peu réjouissants et moins contestables, car obtenus à partir des plaintes déposées et des procédures judiciaires engagées. Raison pour laquelle ils sous-estiment sans doute la réalité. De manière générale, le nombre des actes racistes a baissé de 10 % (885 cas recensés en 2006) et les actions violentes de 27 %. Mais cela ne doit pas masquer l’existence d’« un climat de xénophobie latente » et, surtout, d’un racisme de plus en plus radical et violent. La proportion des agressions contre les personnes est passée de 44 % à 53 % entre 2005 et 2006, et celle des menaces verbales, écrites ou téléphoniques de 29 % à 45 %. C’est la population maghrébine qui est la plus touchée (66 %). Le nombre des agressions antisémites a presque doublé : 95 cas signalés, contre 53 l’année précédente. Les actes racistes imputables à l’extrême droite ont, eux aussi, presque doublé (de 25 % à 41 %). La CNCDH regrette que les opérations de lutte et de prévention ne soient pas davantage coordonnées et que le problème soit insuffisamment pris ?au sérieux par les autorités. Créé en décembre 2003 par le président Chirac, le Comité interministériel de lutte contre le racisme et l’antisémitisme ne s’est pas réuni… depuis janvier 2005 !

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