Un nouvel envol pour Air Mauritanie ?

Publié le 25 février 2007 Lecture : 2 minutes.

Depuis le 13 décembre dernier, Air Mauritanie est pilotée par un pilote. « J’ai été mécanicien, pilote et commandant de bord. Je suis dans la maison depuis le 1er avril 1970 », raconte Mohamed el-Moctar Aoufa, nouveau directeur général. L’homme reste serein devant sa mission, qui a tout l’air d’une gageure. Écrasée par une dette dont le montant se situe « quelque part entre 4 millions et 10 millions d’euros », la compagnie nationale perd chaque jour de l’argent. Une situation à la fois due à « la gestion passée » (sur laquelle Mohamed el-Moctar Aoufa ne souhaite pas s’étendre) et à la conjoncture. « La paranoïa sécuritaire et le prix du carburant grèvent nos coûts », explique le gestionnaire. Selon lui, les taxes représentent la moitié du prix d’un Nouakchott-Dakar. « Un tel vol ne peut être rentable. Au moins, sur Paris, on fait des économies d’échelle », estime-t-il.
La situation risque de devenir plus épineuse encore en juin, quand démarreront les opérations du nouveau concurrent, Mauritania Airways. « La demande des clients existe, d’autant que les liaisons intra-africaines ne sont vraiment pas suffisantes », rassure le directeur général, avant d’ajouter que « la concurrence est salutaire ».
Première étape de la guérison : « réduire des charges excessives que ne nécessite pas l’activité », afin de réaliser une économie de 1 milliard d’ouguiyas. Suppression des billets gratuits ou du recours systématique au personnel journalier. En outre, le personnel navigant a consenti à une baisse de sa rémunération (10,5 millions d’ouguiyas mensuels au total, soit 30 342 euros) et à une augmentation du nombre d’heures de travail. Un cabinet mauritanien doit dessiner un nouvel organigramme. Et, en février, une équipe britannique doit commencer l’ébauche d’une « vision stratégique » sur cinq ans. « Si certains réussissent avec les mêmes contraintes, c’est que c’est possible », lance, optimiste, Mohamed el-Moctar Aoufa. « D’autant plus que nos appareils sont très compétitifs. »
Dans l’urgence, l’État, détenteur de 40 % du capital, s’est porté garant d’un prêt de 1 milliard d’ouguiyas (2,9 millions d’euros) consenti par « des banques de la place ». Une augmentation de capital de 1 milliard d’ouguiyas est également prévue. En août dernier, la compagnie Royal Air Maroc (RAM) avait annoncé son intention de voler au secours d’Air Mauritanie et de prendre une participation de 51 % du capital. Six mois plus tard, il n’en est rien. La RAM ne souhaite pas s’exprimer sur la question. « Je ne suis pas sûr que la quête d’un partenaire soit d’actualité », estime de son côté le pilote.

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