Sidi Mohamed Ould Boubacar

Premier ministre

Publié le 25 février 2007 Lecture : 3 minutes.

Sidi Mohamed Ould Boubacar, 49 ans, est ambassadeur à Paris quand, le 7 août 2005, Ely Ould Mohamed Vall le nomme au poste de Premier ministre. Il a déjà occupé cette fonction de 1992 à 1996, sous la présidence de Maaouiya Ould Taya. Certains voient en lui un homme consensuel, un technocrate plus qu’un politique, quand d’autres désapprouvent sa capacité à travailler avec l’ancien et le nouveau régime.

Jeune Afrique : Quel bilan tirez-vous de la transition ?
Sidi Mohamed Ould Boubacar : Au lendemain des journées de concertation, en octobre 2005, la transition s’est fixé trois objectifs : l’organisation d’un processus électoral devant conduire à l’instauration d’institutions démocratiques ; le rétablissement de la bonne gouvernance dans la gestion de l’État ; la réforme de la justice pour asseoir les bases d’un État de droit. Sur ces trois plans, beaucoup de choses ont été réalisées. Les élections ont été saluées, aussi bien par les partis politiques que par les observateurs étrangers. La situation financière de l’État a été assainie, les accords économiques de grande portée, en matière de pêche notamment, ont été signés, les ressources pétrolières sont gérées suivant un mécanisme qui garantit la transparence. Sur le plan de la justice, les textes fondamentaux concernant la liberté de la personne, les droits de la défense, la liberté de la presse ont été mis en place.
Vous estimez avoir tenu vos engagements ?
Oui. Le programme qui a été adopté a été exécuté.
Pourtant, les mauvaises habitudes, la corruption notamment, n’ont pas totalement disparu
Effectivement, je ne peux pas dire qu’elles ont totalement disparu. Mais il y a eu des progrès. Aujourd’hui, il n’y a plus de marché de gré à gré ni de dépenses extrabudgétaires. Il n’y a plus de cessions abusives des biens de l’État. L’Inspection générale d’État veille au respect des règles de bonne gestion.
Le Conseil militaire pour la justice et la démocratie (CMJD) s’était engagé à rester neutre durant le processus électoral. La promesse a-t-elle été tenue ?
Quelles que soient les rumeurs dont vous avez entendu parler, le CMJD est neutre et respecte ses engagements. Les observateurs et les institutions internationales ont suivi les dernières élections législatives et communales et ont souligné leur régularité et leur transparence.
Pourtant, dans un récent discours, le chef de l’État a insisté sur le vote blanc, comme pour pousser les électeurs à voter en ce sens.
Le président a expliqué les textes aux citoyens. Je ne vois pas en quoi son insistance permet de tirer de telles conclusions. Le décret qui suscitait le débat au sujet de la prise en compte des votes blancs a été modifié. Maintenant, la parenthèse est fermée. Les règles du jeu sont désormais claires.
Les hommes d’affaires se plaignent, car l’argent ne circule plus, et la plupart des Mauritaniens ne voient aucun changement dans leur quotidien. À qui profite la transition ?
La transition profite au peuple mauritanien. Il y a une plus grande justice. L’État joue son rôle de régulateur. Si l’argent public circule moins, c’est que les dépenses publiques sont mieux contrôlées. Cette insatisfaction dont vous parlez est le fait d’une petite minorité. Pour le commun des Mauritaniens, les ressources publiques sont bien gérées. La dette extérieure est passée de 2,2 milliards à 1,1 milliard de dollars. La Banque centrale dispose de trois mois de réserves d’importations. Quant aux fonctionnaires, leur salaire a été multiplié par deux entre décembre 2005 et janvier 2007.
De plus en plus d’investisseurs étrangers – soudanais, chinois, marocains – s’intéressent à la Mauritanie. Comment faire pour que les Mauritaniens en profitent ?
Il faut que nous ayons une main-d’uvre qualifiée dans les domaines qui attirent les investissements, comme la pêche, le pétrole, les mines. La formation doit être un chantier prioritaire.
Mais la transition ne s’y est pas attelée
Il y avait des priorités, il fallait faire face aux urgences. Mais dans le domaine de la formation professionnelle, des bases ont été jetées.
Que ferez-vous après le 11 mars ?
Je quitterai mes fonctions et je réfléchirai à l’avenir. Mais je resterai en Mauritanie.

la suite après cette publicité

La Matinale.

Chaque matin, recevez les 10 informations clés de l’actualité africaine.

Image

Contenus partenaires